Roméo Elvis : "J'ai d'autres choses à donner, en étant plus respectueux et moins provocateur"

La tournée des zéniths et des festivals terminée, dix dates dans de plus petites salles de Bruxelles et Paris doivent être annoncées. À l’image de sa petite sœur, Angèle, son glorieux avenir semble tout tracé. Mais deux événements mettent brutalement un coup d’arrêt à ses plans. D’abord, le Covid, inévitable et paralysant. Puis, et surtout, une accusation d’agression sexuelle.

Une agression sexuelle

En septembre 2020, une jeune femme déclare sur instagram et dans le média en ligne Street Press, avoir fait l’objet d’attouchements de la part du chanteur. Les faits relatés remontent au mois de mai 2019. La jeune Bruxelloise explique s’être rendue dans un magasin de vêtements fréquenté par le rappeur et avoir échangé avec lui, avant d’aller essayer des vêtements dans une cabine d’essayage. “Quand je re-rentre dans la cabine” précise-t-elle à StreetPress, “je sens une présence derrière moi et je sens que c’est lui. Il entre avec moi dans la cabine et il ferme le rideau” […] “Et là, il arrive avec ses mains sur ma poitrine”. La jeune femme explique ensuite lui avoir demandé d’arrêter. “Il enlève ses mains et les mets dans mon pantalon et sur mes fesses. Je lui dis “Tu fais quoi ?” Il a un déclic. Il arrête tout et sort”.

Les échanges qui suivent entre Roméo Elvis et l’étudiante bruxelloise de 23 ans sont, eux aussi, publiés sur les réseaux sociaux. Le rappeur reconnaît les faits, s’excuse auprès de sa victime, mais le mal est fait. Conscient de la gravité et de la portée de son geste, mais aussi de l’inévitable lame de fonds médiatique qui suit et touche toute sa famille, il s’excuse publiquement, et se retire des réseaux sociaux durant un an. L’affaire est close et ne se poursuit pas en justice.

Excuses et prise de conscience

Si nous revenons sur ces faits, aujourd’hui, c’est parce qu’à l’heure de retrouver une imposante place médiatique, Roméo Elvis ne peut agir et communiquer comme si de rien n’était. Il l’assume et aborde lui-même le sujet. “Je me suis posé, remis en question, regardé dans les yeux” nous explique-t-il. “Je me suis rendu compte que beaucoup, beaucoup de choses dans mon attitude devaient changer, dans l’ego, la confiance que j’avais prise”. “Quand tu brilles, t’es un Dieu” ajoute-t-il, avant d’exprimer que, dans une telle situation, tout le monde vous cire les pompes. Expression plus sobre et à connotation nettement moins sexuelle que celle initialement utilisée par l’artiste lors de notre entretien. “Et quand tu tombes, t’es une merde. Alors tu te recentres, tu assumes, et tu fais autrement”.

En 2022, adieu le sale gosse provocateur qui balance vanne sur vanne. “J’ai beaucoup montré cette facette-là, artistiquement et sur le plan de la communication, mais j’ai d’autres choses à donner, en étant plus respectueux et moins provocateur. J’ai viré beaucoup d’ego trip”.

Tout cela se sent et s'entend sur Tout peut arriver * (Universal, sortie ce vendredi 27 mai). Conçu durant trois ans par un Roméo Elvis en partie en autoproduction et désireux de s'éloigner le plus possible de ses compositions précédentes, ce nouvel album solo démarre en douceur. Rappeur star, Roméo rêve de grandeur pop sur "Flanchin", "TPA" et "Quand je marche (comme Ben Mazué)", qui ont le mérite de tenter le coup. L'homme reste nettement plus convaincant lorsqu'il retrouve ses vieilles habitudes musicales, les beats et les punchlines, à l'image de "3 cafés", "Chatchienchaud", "L'adresse" et "Rappeur préféré".

Un seul featuring, sa mamy

En 2019, le Bruxellois s’offrait les services de Damon Albarn et Mathieu Chedid sur des featurings flamboyants. En 2022, seule sa mamy fait une apparition, tendre et touchante, entre deux de ses compositions. Symbole de ce retour à une forme de simplicité.

Bien conscient d’être une bête de scène au charisme animal et l’énergie communicative, Roméo Elvis sait qu’il “touche en live des gens qui ne sont pas forcément intéressés par ce (qu’il) fait sur album. Un public qui vient au show parce qu’il sait que je vais l’ambiancer”. C’est assez bien vu, l’homme vaut vraiment le détour sur scène. Sur le fond, c’est un peu moins convaincant.