CORE, nouvelle valeur sûre dans le monde des festivals
La première et séduisante édition du festival bruxellois s'est clôturée samedi soir.
- Publié le 29-05-2022 à 16h32
- Mis à jour le 30-05-2022 à 12h01
:focal(1275x858:1285x848)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/54U4ZXODU5CHPO22ISSX2UXFWE.jpg)
L'arrivée d'un nouveau venu génère souvent un haussement de sourcil. Particulièrement en Belgique, où l'on apprécie modérément la concurrence, et plus encore dans le monde des festivals, par peur des organisateurs de voir filer leurs précieux festivaliers chez un voisin plus séduisant. L'annonce de l'alliance de Rock Werchter et Tomorrowland pour créer le Core Festival à Bruxelles ces vendredi 27 et samedi 28 mai a donc fait l'effet d'une petite bombe, dans le milieu. Organisé d'ici un mois sur le même site - le magnifique parc d'Osseghem - Couleur Café a modérément apprécié de voir débarquer une machine aussi rutilante dans son jardin.
Avec Live Nation (Werchter) à la programmation et les équipes de Tomorrowland à la conception du site, il fallait forcément s'attendre à un résultat marquant. Core a tout de suite été présenté comme un "festival boutique", soit un lieu dédié à la fête et la musique, mais dont le décorum, l'offre culinaire et l'ambiance ont été particulièrement soignés. Le festivalier contemporain veut danser, tout en mangeant bio, végé, local, un cocktail frais à la main, sans jamais faire la file et à proximité des latrines.
CORE Festival
Un "boutique festival"
Vendredi après-midi, lorsque l'on pénètre sur le site après avoir traversé Bruxelles en tram n°7, on comprend beaucoup mieux le concept. Dotés de moyens colossaux, Core a tout donné afin de soutenir ses ambitions. Les scènes, d'abord, s'intègrent parfaitement dans le parc. Equipée d'un gigantesque écran LED, Ardo - la scène principale - est visuellement éblouissante. On pourrait croire à un coup de frime, une esbroufe inutile, mais ce gigantisme sert totalement les artistes. Les performances d'Action Bronson, Lous and The Yakuza et Nas, gagnent clairement en puissance et en intensité.
Stratégiquement installée dans le théâtre de verdure et ses allées en balcon - Alt Verda - est bucolique la journée, éblouissante la nuit, lorsque les grandes colonnes qui parsèment le parterre s'éclairent. On y danse sans relâche sur DJ Harvey, Kampire et Peggy Gou. Orlo prend possession des bois en les enveloppant de Disco à quelques dizaines de mètres de là, et il ne reste plus qu'à aller danser sur Meute et Mura Masa dans la tente Endoma, pour clôturer cette journée dans une ambiance "club".
Du rap, du funk et de l'électronique
On pense avoir tout vu, mais la programmation du samedi est encore plus séduisante. Tout-puissant, Live Nation s'est offert un line up mêlant Nina Kraviz (techno), Denzel Curry (rap), Jungle (funk), The Blaze (électro), Caribou (électro), Agoria (électro), Jamie XX (électro) et bien d'autres. Programmé en dernière minute pour compenser l'annulation du Britannique Stormzy, Curry assume totalement son rôle de joker de luxe et lance brillamment les hostilités avec un rap old school et tendu. Il faut courir vite et jouer des coudes pour avoir le privilège de danser sur la finesse électronique de Caribou, avant de s'abandonner aux basses disco de ce fameux "petit bois".
L'ambiance est festive, bienveillante. Relativement jeune, mais pas étudiant - le festival coûte cher - le public est bruxellois, flamand, parfois international, avec un petit côté Tomorrowland. Il faut certes faire la file ici et là, et attendre longuement pour acheter des jetons - alors on râle, en bon festivalier de luxe - mais la machine tourne bien, et l'alchimie est indéniable. Face à Jamie XX, ultime tête d'affiche du week-end, on se dit qu'il est bon d'avoir un tel événement à Bruxelles. Au total, 40 000 festivaliers ont défilé à Osseghem pendant ces deux journées. Pour une première édition, c'est plus qu'honorable, et Core 2023 a d'ores et déjà été annoncé.