Chaos, canicule et concerts fous : au festival Primavera de Barcelone, l’été est déjà débridé

Le Festival Primavera se déroule jusqu’au 12 juin dans la cité catalane. Il propose une impressionnante quantité d’artistes de “rock indé”. Reportage dans la fournaise, au cœur de cet événement incontournable en Europe.

Chaos, canicule et concerts fous : au festival Primavera de Barcelone, l’été est déjà débridé
©D.R.

Il fait torride, caniculaire, mais les hordes de mélomanes en shorts et chemises à fleurs qui se dirigent tranquillement vers le parc Del Forum ont la mine radieuse et le sourire aux lèvres.

Bouillonnante toute l’année, Barcelone arrive pratiquement à saturation lorsqu’elle accueille les 250 000 visiteurs du festival Primavera Sound, au début du mois de juin. Cette année, trois ans jour pour jour après sa dernière édition, le festival de musique alternative le plus célèbre d’Espagne et l’un des plus reconnus et influents d’Europe, s’est doté en prime d’un second week-end. Sur une dizaine de jours (du 2 au 12 juin), plus d’un demi-million de mélomanes de tous âges viendront donc s’ajouter aux touristes habituels.

Autant dire que sur le macadam de ce gigantesque parc urbain situé en bord de mer des Baléares, on évite difficilement le bain de foule.

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L’impressionnante affiche du premier round mêle références absolues (Tame Impala, Nick Cave, Mavis Staples, Gorillaz), superstars du moment (Tyler The Creator, Caribou, Jorja Smith) et tout ce que la scène rock’n’roll compte comme valeurs sûres (IDLES, Fontaines D.C., King Gizzard, Parquet Courts, Black Lips…). Covid oblige, The Strokes, Massive Attack et Bikini Kill ont été contraints d’annuler, mais le programme reste inouï sur papier. Alors, fatalement, la moitié du Royaume-Uni s’est déplacée.

Dès ce jeudi 2 juin, des groupes entiers d'Anglais, Gallois, Écossais et Irlandais prennent le soleil au point de carboniser sur place. "Trois mille Belges sont présents aussi", nous dit un représentant du festival, et tout ce monde a grand soif.

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D'interminables files se forment rapidement aux bars, des gens s'indignent. L'organisation peine à combler les ambitions bibitives de cette masse d'ivrognes, et fait rapidement face à un torrent de critiques, insultes et menaces sur les réseaux sociaux. "Le Covid a décimé les équipes", se justifie l'équipe du festival. Les gentils étudiants catalans engagés en dernière minute n'ont pas l'expérience des tenanciers de pubs de Birmingham ou des cercles étudiants bruxellois.

Époque oblige, des rageux exigent donc derechef un remboursement, d’autres menacent de poursuivre Primavera en justice et invitent le public à les rejoindre dans une procédure collective. Mais le problème se règle dès le deuxième jour, lorsqu’une armée de serveurs de bière est importée de tout le pays pour faire face à cette crise régionale.

Chaos, canicule et concerts fous : au festival Primavera de Barcelone, l’été est déjà débridé
©Sergio Albert

L’intérêt est bien évidemment ailleurs : sur les dix-sept scènes logées dans des cadres de rêve, où Sharon Van Etten, Warpaint, IDLES et Tyler The Creator donnent, déjà, quelques-uns des meilleurs concerts de l’été.

Une fois n'est pas coutume, le public est tout acquis au rock'n'roll, dingue de guitares, et ivre de pogos. À l'image de Glastonbury au Royaume-Uni, Primavera est colossal, gigantesque. "Ce festival, cette ville, cette intensité, peuvent vous rendre complètement fou", nous glisse un collègue. Slowthai rappe à côté d'une plage, Crystallmess fait danser dans le sous-sol d'un parking, les derniers artistes voient le soleil se lever sur la mer.

Chaos, canicule et concerts fous : au festival Primavera de Barcelone, l’été est déjà débridé
©Eric Pamies

À quelques jours du lancement de nos propres festivités belges, retenez les noms de Big Freedia, Faye Brewster, Pablo Vittar. Mais aussi King Hannah, Ill Considered, Automatic et Noga Erez, qui se produisent tous dans le centre-ville entre les deux week-ends.

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Les Catalans légitimement excédés par l’hyperactivité touristique de la ville risquent de faire une demande d’émigration en Finlande : les quatorze salles de concerts qui accueillent des concerts de dimanche à mercredi soir génèrent systématiquement des files colossales longues de plusieurs centaines de mètres, plusieurs heures avant l’ouverture des lieux. Tous les festivaliers ont accès à ces concerts urbains avec leur billet. Des références comme Beck, Interpol, King Gizzard, ou Phoenix s’y produisent face à des assistances réduites. Vous imaginez le résultat, forcément chaotique. Mais les persévérants ou les chanceux ont l’occasion de vivre la musique autrement, au cœur d’une ville mythique, connue pour sa vie nocturne débridée.

Chaos, canicule et concerts fous : au festival Primavera de Barcelone, l’été est déjà débridé
©Eric Pamies

Certains musiciens aussi semblent parfois perdus. Nous croisons les camarades d'Aksak Maboul, l'une des formations belges invitées cette année aux côtés d'Angèle, Nala Sinephro et les 2 Many DJ's. À peine arrivé dans la ville, le groupe ne sait pas exactement où se rendre, ni s'il aura le temps d'aller s'acheter à manger. "C'est un peu la folie", termes récurrents pour décrire l'événement. Oui, Barcelone est folle, son festival tout autant. Mais on imagine difficilement un autre événement pour lancer la saison internationale et débridée des festivals de l'été. Ce week-end, Dua Lipa, The Strokes, Yeah Yeah Yeahs, Lorde, Run The Jewels et bien d'autres, sont encore attendus en bord de mer.

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