La soprano Jodie Devos chante avec les enfants de ReMuA

Ce concert, organisé par l'ASBL ReMuA (Réseau de musiciens-intervenants en ateliers), qui œuvre depuis des années pour permettre aux enfants de tous horizons de pratiquer la musique, se tiendra dans le cadre du projet El Sistema Belgium qui connaîtra une finalité exceptionnelle cette année, après deux ans de confinement.

Ce vaste programme d’éducation musicale, créé au Venezuela, en 1975, par l’économiste et musicien José Antonio Abreu qui voulait sauver les jeunes en situation d’extrême pauvreté des dérives prévisibles vers l’abus de drogues et la délinquance, a largement fait ses preuves. Ils sont des dizaines de milliers d'adeptes à en avoir bénéficié. El Sistema rend la musique accessible à tous et a sauvé dans ce pays des enfants défavorisés. Le temps libre consacré à la musique éloigne les enfants, momentanément du moins, du danger. Éprouvé, le concept a fait des émules dans de très nombreux pays.

En Belgique, les enfants sont, entre autres, issus de milieux défavorisés. Ils ont appris la musique et le chant à l’école, à raison d’une à cinq heures par semaine, grâce à la présence de musiciens intervenants, et un concert comme celui de ce samedi est à la fois un bel encouragement et un réel aboutissement.

À la veille du concert, la soprano, nommée Artiste Jeune Talent de l’année 2015 par les International Classical Music Award (ICMA), qui s’est déjà produite sous la direction de chefs tels que Christian Arming, Roland Boer, Laurent Campellone, Philippe Jordan, Louis Langrée ou Marc Minkowski et dans des mises en scène de Romeo Castellucci, Denis Podalydès ou encore Robert Wilson, a accepté de répondre à nos questions.

Que raconte le spectacle "Jodie et le Voyageur de Musiques" ?

Le spectacle a été conçu et écrit par François de Carpentries et Karine Van Hercke, auteurs, scénographes et metteurs en scène d’opéra. Cet "opéra-collage" sur-mesure, raconte, de l’intérieur, le parcours, les objectifs et les rêves de ReMuA et des enfants. Je joue mon propre rôle et je répète avec mon pianiste le concert de gala que je dois donner une heure plus tard dans la grande salle de Flagey. Soudain, un étrange personnage sort de dessous le piano : c’est le Voyageur de Musiques ! Je suis alors transportée sur la planète ReMuA, où tous les enfants vivent et grandissent en musique…

Qu’entendez-vous par "opéra-collage" ?

C’est un patchwork de morceaux que je chante et qui, assemblés, constitue une histoire.

Que représente pour une soprano à la renommée internationale de chanter avec des enfants ?

Cela me touche beaucoup, car j’ai moi-même participé à un chœur d’enfants lorsque j’avais cinq ans et, depuis, la musique m’a accompagnée toute ma vie. Cela a beaucoup compté pour moi.

Pourquoi, selon vous, les voix dans les chœurs d’enfants touchent-elles tellement le public ?

Car elles sont pures, innocentes. Les enfants ne trichent pas avec la voix, contrairement aux adultes qui la fabriquent parfois, en fonction de certaines modes.

Avez-vous rencontré les enfants avec qui vous allez chanter dans "Jodie et le Voyageur de Musiques" ?

Nous avons d’abord parlé du projet par Zoom, puis ils sont venus me voir lors d’un concert à Namur et j’ai pu les rencontrer à ce moment-là.

Que peut leur apporter une expérience musicale ?

Une ouverture, un ailleurs, un peu d’évasion par rapport au quotidien, à la maison ou l’école. Elle leur offre aussi l’échange, le partage, la découverte et peut, qui sait ?, révéler une vocation chez l’un d’entre eux.

Vous avez remporté le Deuxième Prix et le Prix du public au Concours Reine Élisabeth, en 2014. En quoi cette participation et double reconnaissance a-t-elle modifié vos liens avec la Belgique ?

Elle ne les a pas modifiés mais créés. Le Reine Élisabeth m’a découverte. Il a énormément compté pour moi et la relation créée avec les spectateurs est différente que lors d’autres concerts, car ils vous découvrent aussi, partagent vos émotions. Ce concours a réellement été très important pour moi. C’était il y a huit ans et je rencontre encore aujourd’hui des gens qui m’en parlent.

Bruxelles, ce samedi 11 juin à 18 h 30 à Flagey, Studio 4. Infos pratiques : barbara@remua.be