D’Idoménée à Hirohito, le bégaiement des mythes

Sur scène, l’“Idomeneo” de Mozart recontextualisé par Miyagi, célébré par Pichon.

Martine Mergeay
Idomeneo (Michael Spyres), Arbace (Linard Vrielink) et Ilia (Sabine Devieilhe) dans la mise en scène de Satoshi Miyagi.
Idomeneo (Michael Spyres), Arbace (Linard Vrielink) et Ilia (Sabine Devieilhe) dans la mise en scène de Satoshi Miyagi. ©D.R.

Quel lien entre le retour d'Idoménée, allié des Grecs, vers la Crête, après la défaite de Troie, et la capitulation de l'empereur Hirohito après la bombe atomique et la défaite du Japon ? Comparaison n'étant pas raison, Satoshi Miyagi (l'Antigone de Sophocle à Avignon, en 2017, c'était lui) a d'abord voulu réveiller la dimension sacrificielle du pacte entre les hommes et les dieux, tout en soulignant que les véritables victimes de ces transactions au sommet sont les citoyens d'en bas, civils et soldats, dont les âmes continuent à pleurer dans le monde des morts… Car qui aurait imaginé que l'Empereur, pour lequel tous les Japonais auraient donné leur vie, pût pactiser avec les Américains pour maintenir sa lignée sur le trône ? Et Idoménée fit-il mieux, de son temps, prêt à sacrifier la vie d'un homme (ce sera, hélas, son propre fils) à la colère des dieux pourvu que son navire fût sauf et le ramenât à bon port, c'est-à-dire au pouvoir ?

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