Corinne Winters, consécration d’une étoile

La soprano triomphe dans une "Katia Kabanova" d’une bouleversante simplicité.

Nicolas Blanmont, envoyé spécial à Salzbourg
Corinne Winters, consécration d’une étoile

Elle sort à reculons, hésitante, s’extrayant d’une foule figée, obstinément tournée vers le fond de la scène (une cinquantaine de figurants et deux cents mannequins, mais rien ne permet de le deviner), elle court d’un bout à l’autre de l’immense scène du Manège des Rochers avec la grâce d’une danseuse contemporaine, elle semble si légère et frêle qu’on croirait qu’elle ne touche pas le sol, puis s’agenouille et reste prostrée, immobile. Avant même d’avoir chanté la première réplique de Katia Kabanova, l’héroïne de l’opéra éponyme de Leos Janacek, Corinne Winters, crève déjà l’écran virtuel de la grande salle salzbourgeoise par son magnétisme. Au final, elle reviendra plusieurs fois, tout à la fois fragile et puissante comme son personnage, saluer seule à la rampe, exécuter avec une élégance naturelle la même révérence qui voit une cheville glisser vers l’arrière pendant que l’autre se plie, poussée par ses collègues et par le metteur en scène Barrie Kosky et acclamée par la salle. Plus qu’un succès, c’est un triomphe. Et si toute la production mérite ces applaudissements nourris, c’est elle, la jeune soprano américaine, dont la légende de l’opéra retiendra les débuts ici : ce dimanche soir au Festival de Salzbourg, une étoile a été consacrée.

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