Un "Éphémère" de toute beauté
Grand Corps Malade, Ben Mazué et Gaël Faye signent un album solaire.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/94f304b1-a5e2-41b1-ac56-3b865fec234f.png)
Publié le 13-12-2022 à 14h22
:focal(2495x1879.5:2505x1869.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/PWN6FEWASFBI5DQMWVBOL44A3Y.jpg)
Certains albums ont le don de vous mettre la banane au visage. Éphémère est de ceux-là. L'histoire est connue : Grand Corps Malade créé un groupe WhatsApp qu'il appelle "Dinguerie". Il y convie deux de ses potes : Ben Mazué et Gaël Faye. Ça déconne à trois jusqu'à ce que, venue de nulle part, émerge l'idée de faire un album à trois en une semaine, dans un lieu isolé. Résultat : sept titres mis en musique par Mosimann qui mettent du soleil dans nos vies. Ils respirent la joie et la communiquent. Par les temps qui courent, c'est précieux. "Quand on est tous les trois ensemble, on ne peut pas être trop sérieux même si on parle de sujets sérieux, souligne Ben Mazué. On a une bonne propension à vouloir rire et s'amuser. Et puis, il y avait l'idée de faire ce qu'on n'a jamais fait quand on est seul."
Il y a quelque chose d’étrange dans votre démarche. On sort des confinements et qu’est-ce que vous allez faire ? Vous allez vous confiner à trois dans un endroit isolé. Ça vous manquait d’être assignés à résidence ?
Grand Corps Malade : (Rires) Le premier confinement, on ne l'a pas choisi. On n'a pas choisi le lieu ni avec qui on voulait être. Ici, on a choisi la durée, le lieu, avec qui on voulait être et ce qu'on avait envie de faire.
Gaël Faye : S'isoler, c'était une nécessité parce que nous étions dans le tumulte de nos vies respectives. On est des pères de famille, on a des collaborations, plein de rendez-vous, etc. C'était une petite parenthèse entre nous. On avait l'habitude de se voir juste pour boire des coups, mais là, c'était la première fois qu'on se voyait pour créer. C'était nécessaire qu'on soit loin de tout le reste pour aboutir.
Ben Mazué : Au départ, le projet c'était d'aller dans cette maison parce que c'est un endroit qui permet de faire de la musique et que, le soir venu, on pouvait aller dans le village, au resto, se balader, profiter de l'endroit. Mais on s'est tellement amusés à faire de la musique qu'honnêtement, on n'a pas vu le temps passer. Nous ne sommes pas sortis de la maison. C'était une colonie récréative.
Vous avez été surpris du résultat ?
B. M. : J'ai surtout été surpris de la vitesse à laquelle on a travaillé. Je me disais qu'à la fin de la semaine, on allait peut-être s'en sortir avec deux ou trois titres. Mais sept chansons abouties, jamais je n'y aurais pensé ! Quand on est repartis, les morceaux étaient terminés, ce n'étaient pas des maquettes à revoir.
"Éphémère", c’est plus qu’un disque, c’est un objet puisque l’album s’accompagne d’un très beau livre illustré qui est une sorte de journal de bord de l’enregistrement. Pourquoi ce choix ?
G. F. : Aujourd'hui, avec la manière qu'ont les gens de consommer la musique, c'est-à-dire en streaming, c'est intéressant d'avoir un objet qui soit en lui-même joli, utile et ludique. On avait dans l'idée de faire quelque chose qui prolonge la musique.
G. C. M. : Ce livret avait des choses à raconter. On peut faire de la musique en étant chacun dans son salon, en s'envoyant des fichiers via WhatsApp, sans jamais se voir. Ça nous est tous arrivé de faire des duos avec des gens qu'on n'a pas rencontrés. Comme le projet c'était d'abord d'être tous ensemble pendant une semaine et de voir ce qu'il allait en sortir, on a pensé que ça pouvait être intéressant d'avoir avec nous un auteur et une illustratrice qui racontent au quotidien comment tout ça a pris vie.
Avez-vous pris goût à travailler tous les trois ensemble ?
B. M. : Pour moi, c'était clairement beaucoup plus gai que quand je travaille seul. Seul, c'est très sérieux, dans une concentration un petit peu lourde, pénible, avec de la pression. Ici, il y avait tout sauf ça. Donc en effet, on peut y prendre goût.
G. C. M. : Je suis d'accord. Je pourrais y prendre goût dans le sens ou je suis tellement fier du résultat que j'ai presque peur que mes prochains morceaux en solo, je les aime moins. Je suis fan de Ben Mazué et de Gaël Faye. Quand j'écoute cet album que j'ai fait, je les entends eux en même temps. Je trouve ça génial. J'ai l'impression qu'à trois, on est plus forts et qu'en solo, ça va être plus compliqué de faire de bonnes chansons.
G. F. : C'est un privilège d'avoir des amis qui sont aussi des artistes dont je suis fan. Pour moi, il y avait une excitation incroyable pendant cette semaine. J'avais du mal à m'endormir. J'étais pressé de me réveiller parce que j'avais envie de continuer. C'était un rêve éveillé. Ça a été un moment intense.
Si ça vous a autant plu, c’est que vous recommencerez…
G. C. M. et G. F. : Non, c'est terminé. The game is over…
La question que tous vos fans se posent : tous les trois en concert avec cet album, c’est pour quand ?
G. C. M. : Au printemps, il y aura deux ou trois concerts à Paris. On ne va pas se mentir, on ne va pas vous faire croire qu'il va y avoir une tournée parce qu'il n'y en aura pas. On a chacun nos projets et celui-ci était voué à être éphémère. Mais on a quand même envie de le faire vivre sur scène. Ce serait trop frustrant de ne pas le tenter. Ce seront des dates plutôt le week-end pour que nos amis belges puissent descendre en Thalys parce qu'il ne faut pas attendre des dates belges.
Quels sont vos projets à venir ?
G. C. M. : 2023 sera plus consacrée au cinéma. Avec mon pote Mehdi Idir, on écrit notre troisième long-métrage. Et il y aura le DVD de la tournée, enregistré à Lille.
Ben Mazué : Je n'ai pas de projet. Le moment des projets, c'est celui que je préfère de la vie et j'ai envie d'être libre pour le faire. Pour l'instant, je vais au bout de projets que j'ai adoré faire : ma tournée, cet album avec Gaël et Fabien (Grand Corps Malade, NdlR) qui a été un rêve. On a aussi fait un livre avec Fabien, Les Correspondants. Ce que je vais faire après, je vais le décider en janvier. Je vous appelle pour vous tenir au courant.
G. F. : Je suis en train d'écrire un roman.