Kids Return, ode à la pop et la douceur
Le duo parisien a sorti le joliment psychédélique "Forever Melodies". Il sera de passage à Bruxelles le 28 mars.
Publié le 14-12-2022 à 15h49
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Le Covid aurait dû briser leur rêve. Au printemps 2020, quatre petits jours après leur arrivée à Los Angeles, Adrien Rozé, Clément Savoye et les deux amis qui les accompagnent sont priés de rentrer dare dare à Paris. Les frontières se referment, la mini-tournée américaine montée par leur groupe de rock se termine alors qu’elle vient à peine de démarrer.
Le quatuor se sépare mais l'amitié demeure. Coincés chez eux, Adrien et Clément trompent leur ennui et leur dégoût en visionnant à deux la quasi-totalité des films du réalisateur japonais Takeshi Kitano. "Très honnêtement, ça s'est fait par hasard", nous répondent-ils en chœur quand on leur demande ce qui a bien pu les pousser à se lancer dans le cinéma nippon pour retrouver goût à la vie. "Mon père venait d'offrir la filmographie de Kitano à mon frère en DVD et on l'a regardée", précise Adrien Rozé.
Vautrés dans leur canapé, les deux larrons n'ont pas vraiment de plan de carrière, mais à la vision de Kids Return (1996), c'est la révélation. Le sujet - "l'amitié de deux adolescents qui prennent des chemins différents avant de se retrouver" - ne peut que les toucher. Mais la musique du film les prend aux tripes, les compositions originales de Joe Hisaishi, partenaire attitré de Kitano, leur offrent la seule et unique chose qu'ils attendaient vraiment : une nouvelle voie.
Takeshi Kitano, l’inspiration
"On voulait repartir à deux, faire quelque chose de plus sincère", lance Clément, l'œil pétillant, lorsque nous rencontrons le duo à Bruxelles où le binôme est venu donner un showcase. "Je suis resté bloqué sur un morceau" ajoute Adrien "La composition d'Hisaishi pour le film L'été de Kikujiro. On ne trouve rien de tel dans le cinéma français, italien, américain, cette puissance du thème au piano. La musique de films était très différente, à l'époque. Elle amenait davantage d'émotion, sublimait le film. Dans le cas de Kikujiro, il y a quelque chose de très enfantin, une mélodie très forte et très marquée, tout en conservant une certaine pudeur."
Le lendemain matin, Adrien Rozé rejoue le thème au piano devant Clément Savoye, qui lui lance : "On sait ce qu'on doit faire, on va composer des mélodies". Deux ans plus tard, c'est chose faite avec Forever Melodies (sorti le 7 octobre 2022), dix chansons de pop anglophone à la candeur et la touche vintage assumées, teintées d'un soupçon de psychédélisme inspiré par des formations contemporaines comme Tame Impala et MGMT.
L’influence de Phoenix
Plus influencés par les Beatles que par la scène contemporaine, les musiciens autodidactes s'isolent un temps dans les Pyrénées avec leur matériel pour "ne pas être trop pollués par la modernité".
Les voix, comme les claviers, évoquent le duo électronique Air, avec un soupçon de Phoenix dans le style et l’inspiration de la French Touch des années 90.
Tout cela n'est pas totalement dû au hasard. Tara-Jay Bangalter, très bon copain de nos deux musiciens et auteur de leurs clips, n'est autre que… le fils de Thomas Bangalter, soit la moitié de la légende Daft Punk, très proche des groupes précités. "On connaît Thomas Bangalter intimement," commente Clément Savoye. "C'est une sorte de figure bienveillante qu'on peut appeler en cas de doute ou de question. Quand on était coincés sur le mix du morceau "Orange Mountains", par exemple, c'est lui qui nous a mis sur la bonne voie, c'est précieux."
"Phoenix, on les a rencontrés quelques fois aussi", ajoute-t-il. "Pour nous, c'est la référence absolue, le modèle de ce que peut devenir un groupe de rock français qui chante en anglais. Aujourd'hui, ils ont cinquante ans, ils sont meilleurs amis, et ils donnent encore des concerts sublimes dans des endroits sublimes. Ce sont des gens sains, pas des rockstars. Le seul conseil qu'ils nous ont donné c'est de prendre du plaisir, se faire confiance, s'écouter".
America First
Avant-même la sortie de ce premier album, Kids Return a ouvert pour des références comme l'Impératrice ou Polo&Pan, qu'ils ont accompagné en France et aux États-Unis. Début 2023, ils lanceront leur propre tournée avec six dates en Amérique du Nord, dont des arrêts dans de petits clubs de New York et Los Angeles, avant de passer par la France, et Bruxelles le 28 mars (à la Rotonde du Botanique). "On savait dès le début que chanter en anglais compliquerait notre passage sur les radios françaises, mais on voulait parler à tout le monde, avoir un côté universel", commente Adrien Rozé. "Ça donne dix fois plus de chances d'aller jouer à L.A. Phoenix a d'abord percé aux Etats-Unis avant de marcher en France. Si on pouvait faire la même chose, ce serait le rêve. Mais trouver des dates de concert c'est une chose, percer en est une autre."