Daniel Guichard: "Bruxelles est devenue effrayante"
"Si c’était à refaire", la nouvelle tournée de Daniel Guichard, passera par Mons et Liège les 9 et 10 mars prochains. L’interprète de "Mon vieux" se déplace en camping-car.
Publié le 04-02-2023 à 14h14
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"Je me déplace en mobile home (7 mètres de long et 7,5 tonnes, Ndlr.) car, en réalité, je fais tout moi-même, confie Daniel Guichard, qui sera le 9 mars au Théâtre Royal de Mons et le lendemain au Forum de Liège (réservations sur www.ticketmaster.be) avec sa tournée "Si c'était à refaire" durant laquelle l'interprète de "La tendresse", "Le Gitan" ou "Mon vieux" fera la part belle aux reprises et aux inédits. Je recadre la promotion, la communication, le spectacle et tout ce qui va autour. C'est assez rare dans le métier mais je fais cela depuis que j'ai monté mes réseaux de distribution et fais de la production. Je me suis dit qu'il n'y avait rien de tel que de mettre les mains dans le cambouis et, même s'il y a eu quelques couacs au début, on y arrivait très bien ! La seule chose est que je vérifie bien tout avant le show. S'il y a un souci, c'est à moi de les gérer !"
Son côté "routier en maison qui roule" comme le chanteur de 74 ans se décrit lui-même viendrait-il d'une fibre écologique ? "Peut-être, même si je ne place pas l'écologie au niveau des idéologistes car cela se passe à tous les niveaux : chez les animaux ; dans notre façon de vivre, de se nourrir, d'éduquer nos enfants et le respect des autres cultures. Le monde dans lequel on essaye tous de vivre n'est pas facile…"
Vous êtes réputé pour ne pas avoir votre langue en poche. À quand un Daniel Guichard engagé en politique ?
"Oh la la, non ! Le terme d’engagé ne me convient pas vraiment. Si on était dans un pays où le fait de dire quelque chose fait que vous allez peut-être prendre une balle dans la tête ou être déporté pendant 28 ans, cela s’appelle être engagé. Respect et courage à tous ceux-là, comme aux femmes iraniennes en ce moment, ou celles en Afghanistan qui essayent de récupérer leur liberté. Ça, c’est être engagé car vous risquez votre vie. Moi, je la ramène quand on me pose des questions sur ce qui me chatouille, comme la bêtise. Mais faire de la politique, c’est non. Tous les politiciens (ne) s sont menteurs à la base. Car ils savent qu‘aller dans le sens du poil, c’est le meilleur moyen pour être élu. Même si certains sont honnêtes."
Ressentiriez-vous un sentiment d’insécurité ?
"L’insécurité est entretenue par des gens qui sont d’un cynisme arrogant parce qu’ils côtoient les gens puissants, riches et ont fait de grandes études. Ils n’ont jamais bossé de leur vie et sont persuadés d’être des leaders, qu’ils savent aussi tout. C’est le niveau de l’arrogance qui précède toujours les révolutions. En France, on est au stade d’une période prérévolutionnaire et c’est cela qui est effrayant. Car on sait toujours comment commencent les révolutions mais jamais comment elles se développent ni comment cela se termine… Les formes de noblesse arrogantes que nous avons eues sous Louis XVI, XV et XVI nous ont amenées à pousser des individus dans des extrêmes où l’humanité n’existait plus. L’entourage du Shah d’Iran est, par exemple, arrogant, imbu et corrompu."
Ne pensez pas une seule seconde que l’histoire du Covid et de ses petits variants est terminée. On va trouver autre chose pour essayer de nous refourguer les doses restantes!"
C’est pour cela que vous vous êtes inscrit à un club de tir ?
"Cela fait des années, en effet. Mais bon, ce n’est pas pour flinguer tout ce qui bougeait. D’abord, le tir, ça calme. Si vous êtes énervé, vous ne touchez jamais la cible. Ce n’est donc pas pour tirer et tuer des gens mais, oui, ça rassure. Car on est dans des systèmes où la justice et la police donnent des ordres à tout le monde et personne ne fait ce qu’il faudrait faire."
Un peu comme durant la période Covid qui semble enfin derrière nous ?
"Non, attendez… Ils vont bien trouver des conneries à nous balancer ! Vous ne pensez pas qu’Ursula von der Leyen (la présidente de la Commission européenne, Ndlr.) va en rester là ? Elle s’est autorisée de s’acheter presque 4,5 milliards de doses de vaccin. Or nous sommes 450 millions en Europe. Cela fait environ 10 doses par tronche ! Ne pensez pas une seule seconde que l’histoire du Covid et de ses petits variants est terminée. On va trouver autre chose pour essayer de nous les refourguer. Ils vont nous les mettre en apéritif, avec du whisky et du Coca, par exemple."
Je ne me suis pas inscrit à un club de tir pour tirer et tuer des gens mais parce que, oui, ça rassure."
Vous en avez fait une chanson intitulée "Ursula". Pourquoi ?
"Je devrais la traduire dans toutes les langues européennes. J’ai imaginé cela puisqu’Ursula (von der Leyen, NdlR.) était censée venir à son poste pour remettre de l’ordre. Du coup, j’ai imaginé une femme de ménage qui serait venue faire le ménage chez moi pour que tout soit propre. Le résultat est ce qui se passe aussi chez nous en Europe…. Avant elle, il y avait aussi José Manuel Barroso qui n’était pas toujours terrible non plus. Les fameux présidents de la Commission européenne que jamais personne n’a élus, on dit que ce sont des chefs d’État. Non, ce sont des technocrates talentueux qui font partie de la revanche mondiale. C’est fatigant. Ils font de la fumée et créent des embrouilles pour faire ce qu’ils ont à faire. Moi, j’ai vu Bruxelles changer ces 45 dernières années. Bruxelles a toujours été importante pour moi. Quand je partais de Paris pour y aller, c’était une joie. Ce n’était pas la banlieue. Mais j’ai vu la ville se transformer dans plein d’aspects qui m’effraient un peu. Bruxelles est devenue effrayante. Comme Paris, d’ailleurs. Et tous les gens que je cite y sont un peu pour quelque chose."
Vous ne reconnaissez plus le Bruxelles d’antan ?
"Non. Bruxelles a perdu un peu de sa personnalité, de sa liberté et de ce côté ouvert et gentil. Quand on vit dans une ville qui ne se transforme pas comme on voudrait, on finit par faire la gueule. Il y a un peu ça mais pas que. Et c’est pareil dans d’autres grandes villes d’Europe. C’est très triste."
D’autant plus que la Belgique et vous, cela a toujours été une belle histoire d’amour…
"En effet. À mes débuts, personne ne s’intéressait à moi sauf les Belges. Vous deviez être plus ouverts. Puis, j’avais un accent parisien qui devait agacer le tout-Paris qui chante et qui pétille (sourire)."