Les trésors de Musiques Nouvelles, à Bruxelles après Mons
D’Arsonic à Flagey, cinq créations signées Libert (père et fille), Charue, Geysen et Fourgon
- Publié le 31-05-2023 à 22h18
- Mis à jour le 31-05-2023 à 22h19
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“Attention, Musiques Fraîches !” C’est le titre d’une série (de Musiques Nouvelles) dédiée à la création tous azimuts, à l’expérimentation, à l’évasion. Pas de prise de tête, juste la rencontre directe avec la musique telle qu’elle s’écrit aujourd’hui, dans des formes à la fois restreintes et luxueuses – un ensemble de neuf solistes de premier plan, placés sous la direction de Jean-Paul Dessy – de quoi permettre un maximum d’élaboration, et dans l’écriture et dans la réalisation.
Mercredi, à Arsonic (Mons) où le programme était donné en première, l’ambiance était donc plus chambriste que lors du flamboyant concert de concertos donné au Botanique le 12 mai dernier, mais l’excitation de la découverte tout aussi grande.
Cinq compositeurs y étaient à l’honneur, à commencer par Fanny Libert, 23 ans, formée auprès de Boyan Vodenitcharov (piano) et de Claude Ledoux (composition), surdouée et audacieuse, qui, comme chaque compositeur présent, monta sur scène pour introduire ses Breloques effilochées, évocations minimalistes de ces objets disparates généralement définis comme “brol” (sic), qui furent, peut-être, un jour, précieux, et que sa pièce effleure avec poésie et sensualité.
Plus dense, dans l’écriture et dans l’utilisation des instruments (renforcés par des sons issus des portables des musiciens), From Nomads to Nomads du jeune percussionniste et compositeur Max Charue, aborda ensuite le thème des migrations et de la violence qui s’y attache. “L’homme serait-il vraiment un loup pour l’homme ?”, une phrase lumineuse au sommet de l’arche solide que constitue la pièce, laisse entrevoir un espoir…
Ancien élève de Jeroen D’Hoe, Daan Geysen, tout jeune lui aussi, est un électron libre, bouillonnant d’idées, issu d’un sérail “électro” mais mélodiste né, comme l’attesta Two Characters, constituant chacun un monde en soi, chatoyant, évocateur, très élaboré.
Retour et Retouches de Jean-Louis Libert
Surprise heureuse de ce concert: le retour, après de lourdes épreuves de santé, de Jean-Louis Libert, 59 ans, compositeur – et écrivain – comptant parmi les plus doués des années 90. Il a beau évoquer le titre Retouches avec dérision (son frère et lui allaient chez une vieille couturière faire ajuster la longueur de leurs nouveaux pantalons…), sa pièce est d’un dramatisme intense, portée par une instrumentation fouillée où les percussions et les cuivres ouvrent à la fois le champ sonore et l’imagination.
Trois mouvements, trois étapes: une exposition puissante et dense, un scherzo bien noir et une cantilène poignante, énoncée à la clarinette et reprise par les autres instruments jusqu’au silence.
Dernière création, traversée d’un extraordinaire vent de liberté, c’est Congo Matandi de Michel Fourgon, 54 ans, qui signe ici une de ses œuvres les plus personnelles, documentée, virevoltante et drôle, inspirée par ses rencontres avec les musiciens congolais et leur magnifique patrimoine.
- Le même programme est donné ce jeudi 1er juin à 20h15, à Flagey, Bruxelles.