Un budget de 4000 euros et jusqu’à un mois de camping devant le stade : rien n’arrête les fans de Mylène Farmer qui veulent être au plus près d’elle
La chanteuse entame ce samedi 3 juin à Lille la première des 13 dates de sa tournée Nevermore qui passera par Bruxelles le 22 juillet.
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- Publié le 03-06-2023 à 14h38
- Mis à jour le 03-06-2023 à 16h43
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Samedi 3 juin, Villeneuve-d’Ascq en banlieue de Lille, Il est 10 heures du matin et devant le stade Pierre Mauroy, temple du LOSC, ils sont déjà des centaines à faire la file. Pourtant, les grilles n’ouvriront pas avant 18 h 30 ! Qu’importe, il faut déjà être là pour espérer être les mieux placés sur la pelouse de l’enceinte lorsque celle-ci sera accessible. Pourquoi ? Pour assister au premier concert de la tournée des stades de Mylène Farmer et être au plus près d’elle.
Cela fait bien plus d’un an que les tickets ont été mis en vente. Les fans se sont rués dessus, en particulier pour cette première date. C’est l’occasion de découvrir ce que la chanteuse leur a préparé sans avoir été spoilé au préalable, en particulier par les réseaux sociaux. Pour conserver intacte la surprise pour ceux qui ne sont pas à ce rendez-vous lillois, certains sites Internet de fans ont décidé de ne rien mettre en ligne jusqu’à la fin de la tournée.
”Quand on aime, on ne compte pas”
La rumeur veut que certains campent depuis le 1er mai devant le stade lillois. Un responsable de la sécurité confirme. Et devant l’entrée donnant accès à la pelouse du stade, là où le placement est libre, que voit-on ? Des dizaines de petites tentes et des gens installés comme dans un camping. Ça papote. On se met de la crème solaire. On prépare un café… L’ambiance est bonne enfant. Ils sont des dizaines à être là depuis quelques jours, voire plusieurs semaines.

Parmi eux, Fabien et Ophélie. Ils sont Belges. Lui vient de Bruxelles, elle de Soignies. Ce sont des fans irréductibles qui font tout ensemble. Tout ce qui concerne Mylène Farmer, entendons-nous. Pour rien au monde ils ne rateraient le rendez-vous. Mieux, ils vont enchaîner 11 des 13 concerts programmés dans le cadre de cette tournée des stades. Ils seront bien entendu au stade Roi Baudouin le 22 juillet, mais aussi à Nantes, Bordeaux, Paris, Lyon, Nice… Seuls Genève et Marseille ne font pas partie de leur programme. “Mylène le vaut bien, lâche Fabien tout sourire. Elle m’a aidé dans les moments les plus sombres de ma vie, donc je lui dois bien ça. C’est presque à la vie, à la mort.”
La Mylènemania, il est tombé dedans en 1996, quand il avait 17 ans. “Depuis, je n’ai plus décroché.” Il fait le compte devant nous : des concerts il en a vu une cinquantaine ! C’est énorme quand on sait que la chanteuse ne tourne pas beaucoup et que ses tournées ne comptent que peu de dates. “Quand on aime, on ne compte pas”, insiste Ophélie.

”La première fois où j’ai campé devant l’entrée, c’était pour le Stade de France en 2009”, explique Fabien. Il a fait de même pour les quatre autres stades de cette tournée, y compris la première venue de Mylène Farmer au stade Roi Baudouin à Bruxelles. Tout ça a évidemment un coût. “Pour ce Nevermore Tour, comptez 2 000 euros pour l’essence et les réservations des Airbnb. Hors prix des places de concert et du merchandising.” Tout compris, on avoisine les 4 000 euros, dit-il. Sans compter les jours de congé pris pour assister aux 11 dates puisque Fabien et Ophélie seront systématiquement présents le mercredi qui précède le concert. “Mes jours de congé y passent tous, pas le choix. Mes vacances de l’année. 2023, c’est Mylène”, répond Fabien, tandis qu’Ophélie acquiesce pour elle aussi. Et n’allez pas croire que Fabien est un célibataire endurcit sans attache et qu’il n’a que ça à faire. Bien au contraire, il a des enfants, un boulot et des activités à Bruxelles. “C’est la passion. Ça ne s’explique pas, ça se vit.”
Une organisation militaire
Les deux Belges ne sont pas les seuls à tout donner pour voir leur idole. Laurent, la petite cinquantaine, a aussi une quarantaine de concerts à son actif. Même s’il ne campera pas autant que les deux autres devant les stades cette année, il est de la partie à Lille pour être aux premières loges.
Il est content de retrouver des fans comme lui qu’il croise dans la file à chaque tournée. Et de faire connaissance avec de nouvelles têtes. “C’est sympa et puis, on n’a que ça à faire quand on attend…” Pour être le mieux placé à l’ouverture des portes, avec ses amis, il a loué un appartement. C’est là qu’ils vont manger et se laver puisqu’ils sont présents depuis plusieurs jours. “On prend le métro pour rejoindre l’endroit. On fait tout ce qu’on doit faire et puis on revient retrouver notre place dans la file”, explique-t-il. Certains groupes de fans se sont même organisés pour que personne ne soit floué par quelqu’un d’autre. Ils ont chacun sur la main un numéro inscrit qui correspond à leur place dans la file. “C’est une organisation militaire”, dit-il avec le sourire.
Tout pour être aux premières loges
Si sur le coup de 10 heures du matin, le fair-play entre fans est de mise et l’ambiance bon enfant, la chose se complique un peu par la suite, nous explique-t-il. “À partir de 14 heures, ça va commencer à se tendre. Quand on va démonter les tentes, les gens qui sont derrière dans la file vont vouloir avancer. On va se retrouver coincés debout. À ce moment-là, il n’est plus question de quitter la file. Plus de pipi, plus rien.”

Il ne faudra pas attendre aussi longtemps. Dès 11 heures, cela commence à s’agiter. Les premiers de cette file qui ne cesse de s’allonger, discutent vivement avec un des responsables de la sécurité du stade. Celui-ci leur parle de sécurité, tandis que les fans ne veulent savoir qu’une chose : comment accéder à la pelouse le plus rapidement possible pour se retrouver au plus près de leur idole. Deux discours souvent difficiles à concilier.
Ça n’a l’air de rien mais les inconditionnels de Mylène Farmer développent des stratégies pour ne pas perdre la moindre seconde une fois en mesure de pénétrer dans le stade. Ils se renseignent pour savoir quelle est la disposition des lieux, le nombre de contrôles à passer, comment présenter son ticket pour qu’il soit scanné le plus vite possible, etc. On se croirait dans une écurie de Formule 1 qui peaufine sa stratégie d’arrêts au stand.
Pas question de perdre la moindre seconde
L’une des hantises des fans, c’est la palpation. “Elle peut être inéquitable, explique Elisabeth. Parce qu’il y a beaucoup plus de femmes que d’hommes. Donc certaines personnes qui attendent depuis des jours, voire des semaines, pourraient être dépassées par des gens qui ne sont arrivés que ce matin.” “On essaye aussi de s’organiser pour notre propre sécurité. Il y a des marches à descendre, on n’a pas envie de se mettre en danger”, ajoute-t-elle. Des marches, il y en a 60. Tous connaissent le nombre ! “On a tous les renseignements, on est prêts.”
Qu’advient-il des tentes, des chaises pliables et de tout le matériel de camping ? “On a des hôtels, explique Elisabeth, on range ça là avant d’entrer dans le stade.” Pas question de passer par la consigne, ce qui ferait perdre un temps précieux. “Parfois, quand on n’a pas le temps de le faire, on les jette. Si vous avez besoin d’une tente, restez jusqu’à la fin et vous pourriez trouver des trésors.”