Nous étions au concert improvisé de Blur à Madrid, on vous raconte

Le festival Primavera de Madrid a été contraint d’annuler la première de ses trois journées en raison de conditions météo extrêmes. Blur, tête d’affiche de ce jeudi, en a profité pour donner un concert improvisé et extraordinaire dans un club de 1500 personnes.

Valentin Dauchot
Martin Stameschkine

C’est la hantise absolue des festivaliers, le cauchemar des mélomanes. Mercredi soir, le festival Primavera qui devait s’ouvrir à Madrid le lendemain a annoncé qu’il annulait la première de ses trois journées pour cause d’orage. Les trombes d’eau qui ravagent le centre de l’Espagne depuis une semaine ont rendu le site impraticable pour les quelque 50 000 festivaliers attendus sur place, qui errent dans la ville en quête de divertissement (ou de bassines bière, dans le cas du public britannique, qui trouve rapidement le chemin du Pub le plus proche et s’y trouve encore à l’heure d’écrire ces quelques lignes). On attend désespérément un geste, un signe, quelque chose. Tous ces artistes sont probablement coincés à Madrid aussi, et les plus petits groupes pourraient trouver une scène alternative.

1500 personnes dans un club exotique

Vers 14h, la nouvelle tombe : une soirée électronique “Boiler Room” sera bel et bien organisée en fin de journée dans un club de la ville, mais il y a plus fort, plus improbable : Blur, tête d’affiche absolue de ce jeudi, donnera le set prévu… dans une salle de 1500 personnes. "Nous avons proposé à tous les groupes présents sur l'affiche de faire quelque chose" nous explique le directeur de la communication du festival Joan Pons. "Certains ont dit oui, d'autres décliné ou exigé la totalité de leur cachet. Blur a accepté et proposé de le faire totalement gratuitement".

Tous les festivaliers en possession d’un billet ont la possibilité de gratuitement “demander” un accès via l’application du festival “à partir de 16h”. Autant dire qu’à l’heure du goûter, tous les cafés madrilènes sont remplis de jeunes gens appuyant frénétiquement sur “refresh” pour assister à ce concert exclusif qui nous ramène au début des années 90, quand le groupe de rock londonien donnait encore des shows survoltés dans des tripots de quelques centaines de places.

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”La Riviera” et ses palmiers

En moins de 24h, l’organisation du festival a trouvé le lieu idéal… ou presque : une boîte de nuit exotique nommée “La Riviera” avec bar central, palmier géant, cuba libre et shots de Tequila. Quand Damon Albarn arrive sur scène aux côtés de Graham Coxon, Alex James et Dave Rowntree, à 21 h 30, l’ambiance est donc aussi surréaliste qu’extatique. On nous dit que 1300 chanceux sont sur place, dont un certain Kendrick Lamar, qui se produira ce vendredi soir, et a fait inscrire son petit nom sur la guestlist. Il a bien fait Kendrick, Blur joue le jeu à fond et livre un concert extraordinaire de plus de 2h. On le sait, mais on ne peut que le constater à nouveau : Damon Albarn est l’incarnation même de la cool attitude. Tout sourire, détendu, brillant, il donne à la fois le sentiment de maîtriser totalement son sujet et de donner le tout premier concert de sa vie.

”Revenez bande d’andouilles”

”St-Charles Square”, “There’s No Other Way” et “Popscene” ouvrent le bal. Le public, lui, est un peu trop mou à notre goût, mais Graham et compagnie en ont vu d’autres. “Trouble In The Message Centre”, “Tracy Jacks”, “Chemical World”, “Beetlebum” et “Country Sad Ballad Man” décoincent les privilégiés. Les premiers rangs commencent gentiment à s’agiter, avant que “Coffee and TV”, “Parklife” ou autre “Song 2” viennent parachever l’ensemble. Blur est sur scène depuis une bonne heure trente, on sort, avant de recevoir un message intitulé “Mais qu’est-ce que vous faites ? Revenez bande d’andouilles, Blur remonte sur scène”. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le groupe de rock joue… plus longtemps que ce qui était prévu initialement par le festival. “Girls&Boys”, “Tender”, “The Narcissit” et “The Universal” font trembler les palmiers une dernière fois. Merci les gars et chapeau bas.

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