Samuel et Gian-Carlo reçoivent à Marche
Oxalys dans un très beau programme de musique américaine au Juillet Musical.
- Publié le 11-07-2023 à 13h33
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Chaque année, le Juillet Musical de Saint-Hubert propose un concert dans la ville (presque) voisine de Marche-en-Famenne. Dimanche, l’église Saint-Remacle se la jouait pour un soir de la Villa Capricorn, la mythique maison de Mount Kisko où, à quelques encâblures de Big Apple, Samuel Barber et Gian-Carlo Menotti recevaient le tout New York pour des fêtes mémorables dans les années 40. Au menu de cette “ballade américaine”, des œuvres des deux compositeurs mais aussi de leur contemporain Aaron Copland, proposées par un ensemble Oxalys tout en géométries variables et dans son dress code discret – rouge pour les dames, noir pour les messieurs. Quintette à vent, quintette à cordes, trio, double quintette, avec aussi un piano, une harpe, une trompette ou une contrebasse qui vont et viennent de l’abside au chœur au gré des œuvres, avec toujours ce sentiment d’écoute et de collégialité : chez Oxalys, sous la direction discrète de la violoniste Shirley Laub qui officie aussi en maître de cérémonies prenant le public par la main pour lui raconter ce qui est joué, on fait de la musique ensemble dans le meilleur sens du terme.
Régionale de l'étape
La soirée s’ouvrait avec deux pièces de chambre sans doute moins connues, le quintette à vent Summertime music op. 31 de Barber et le trio pour violon, clarinette et piano de Menotti. Puis venait le très beau Knoxville : summer of 1915, rhapsodie lyrique composée par Barber en 1947 et pour laquelle Oxalys avait convié Anne-Catherine Gillet, qui connaît bien l’œuvre pour l’avoir enregistrée dans sa version pour orchestre avec l’Orchestre de Liège il y a plus de dix ans. Native de Libramont, la soprano est là en régionale de l’étape, saluant chaleureusement des connaissances à l’entracte : mais juste avant, pendant Knoxville, elle est tout en concentration, expressivité, puissance aussi, avec un texte plein de clarté et de pureté et ce vibrato parfaitement contrôlé qu’on lui connaît.
En deuxième partie de soirée, il y aura encore l’intensité bouleversante et pudique du célèbre Adagio de Barber, juste troublé par les déambulations pas toujours discrètes d’un photographe aussi soucieux de photographier les édiles communaux en pleine écoute au premier rang que les musiciens eux-mêmes. Puis, pour terminer, une version pour neuf musiciens du fameux ballet Appalachian Spring de Copland. Et comme, précise Laub, son final crépusculaire n’est pas aussi joyeux que les fêtes données par Barber et Menotti, Oxalys y ajoutera un jubilatoire extrait d’un autre ballet de Copland, Rodeo. Superbe soirée illustrant d’éclatante façon la diversité et l’accessibilité de la musique américaine du XXe siècle.