115.000 festivaliers au BSF, qui a illuminé l’été bruxellois
Le festival bruxellois, qui s’est clôturé dimanche avec le concert de Peter Doherty, affiche un bilan positif, avec un pic de fréquentation le samedi 13.
- Publié le 15-08-2016 à 16h09
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La 15e édition du Brussels Summer Festival a rassemblé quelque 115.000 personnes, au total, du 5 au 14 août, en plein cœur de la capitale. Les pass 10 jours sont partis comme des petits pains, plusieurs soirées ont affiché sold-out (un pic de fréquentation a été atteint le samedi 13 sur la place des Palais, pour les concerts de Louane, Cœur de Pirate et Lost Frequencies), la salle de la Madeleine récemment rénovée a confirmé son statut d’incontournable, et le nouvel espace «Club», installé dans le bâtiment de VisitBrussels, a tenu ses promesses (scène intimiste, public attentif). Le public est donc venu en masse, ce qui, même avec une solide affiche, n’était pas gagné d’avance. «On revient de loin», indiquait le directeur du festival, Denis Gérardy, dimanche soir. Après les attentats parisiens et surtout bruxellois, rappelle-t-il, la tenue même de cette 15e édition avait été remise en question dans un premier temps, et la réaction du public constituait un gros point d’interrogation. Mais celui-ci fut nombreux et ce, dès le premier week-end. Les prestations d’Hooverphonic, d’Hubert-Félix Thiéfaine, de Louise Attaque ou encore de Lost Frequencies étaient régulièrement citées, dimanche soir, au moment d’évoquer les moments forts du festival.
La dernière soirée, sans s’avérer la plus intense, a offert de beaux moments au public du BSF.
Cocoon en ses nouveaux atours
Le groupe français Cocoon était très attendu sur la place des Palais, donnant là son premier concert depuis cinq ans, comme l’a rappelé son souriant leader Mark Daumail, dévoilant plusieurs titres de son futur album (cf. LLB 13/8) et se produisant dans une nouvelle formation – pas la prestation la plus simple, en somme. La chanteuse Morgane Imbeaud n’est plus de la partie, mais les harmonies vocales façon Cocoon n’ont pas disparu : la claviériste Leslie Bourdin (alias Lillimarche) accompagne Mark Daumail au chant, et ils y sont parfois rejoints (encore un peu timidement) par les trois autres musiciens. C’est un cocon douillet mais enjoué, engageant, que tisse le groupe, donnant une idée (parfois timide) de la tonalité plus soul-gospel-folk, plus américaine, de «Welcome Home» qui paraîtra le 26 août et qui, lui, inclut des cuivres, cordes, chœurs gospel et pedal steel guitares. Mark Daumail en a sous la pédale, ceci dit: le très rythmé, groovy «Coconut» (un morceau tiré de son album solo «Speed of Light» paru en 2014) donne un joyeux coup d’accélérateur au concert, provoquant de jolis mouvements de twist dans le public. Avant de placer la cerise, enfin la sucette sur le gâteau : «Chupee», la charmante chansonnette de Cocoon qui devint un tube en 2008.
Ni ukulélé, ni douceur sucrée, mais de l’électricité, et du gros son, pour Nada Surf qui prend le relais sur le coup de 20h15. Fidèle à lui-même, et plutôt en forme, le trio rock américain aligne, sans temps mort et sans détour, une impressionnante volée de morceaux, de son style direct et néanmoins mélodique (dommage que le chant de Matthew Caws se perde parfois un peu dans les riffs de guitare). Une prestation puissante, mais sans surprise. Même le bien nommé tube «Popular», qui ne fait pas ses vingt ans soit dit en passant, est livré brut : sans rhabillage ni prolongation.
Peter Doherty, étoile filante
Avec Peter Doherty, qui a pour délicate mission de clôturer le BSF, on s’attend à davantage de circonvolutions et de fêlures. Pour tout dire, on ne sait jamais exactement à quoi s’attendre avec le poète et orfèvre pop au parcours chaotique, qu’on a coutume de qualifier d’enfant terrible du rock britannique. Première bonne nouvelle : Peter Doherty est là (la veille, allez savoir pourquoi, il a annulé, au dernier moment, son concert programmé dans un festival autrichien). Deuxième bonne nouvelle : il est plutôt en forme. Il assure bien au chant, et c’est sa voix légèrement écorchée qui va réellement porter le concert. Il dialogue avec le public, qui lui offre un chapeau (dommage que personne n’a une veste à lui offrir, à la place du «bomber» kaki informe qu’il arbore ce soir). Il a, surtout, la bonne idée de puiser non seulement dans son répertoire solo – un second album est attendu sous peu - mais aussi ceux de ses groupes Babyshambles et The Libertines. Le bassiste des Babyshambles, Drew McConnell, est d’ailleurs à ses côtés ce soir. Moins convaincantes sont les deux musiciennes multi-instrumentistes : le violon de Miki Beavis apparaît trop envahissant et manque franchement de justesse, tout comme l’harmonica dont joue la claviériste Katia De Vidas (la compagne de Doherty, pour la petite histoire). Le groupe prend le temps d’installer les morceaux, et déploie quelques titres récents, dont l’émouvant «Flags of the Old Regime» dédié à Amy Winehouse. «Hell to Pay at the Gates of Heaven», lui, qui évoque l’attentat du Bataclan - où Doherty sera le premier à redonner un concert en novembre 2016, un an après le drame. Reste cette impression que sur la longueur, le concert manque d’assurance musicale, de pep’s, et notamment de titres enlevés. Heureusement (mais ce sera trop court), le final vient briser ce sentiment. En trio rock (et puis quatuor, avec un roadie manifestement guitariste à ses heures), Doherty met la gomme. Propulsant «Killimanjiro» et un dernier «Fuck Forever» au firmament bruxellois. Avant de rassembler ses petits effets (veste, sac, cigare) et s’en aller comme si de rien n’était.