Les nostalgiques du rock’n’roll repensent souvent avec émotion aux glorieuses sixties, Woodstock, les guitares rutilantes et la fabuleuse vague de créativité qui suivit. En matière de voltage et de puissance, pourtant, difficile de faire mieux que le début des années 1990.
Fin de millénaire oblige, l’ambiance est à la déprime et la noirceur. Le grunge s’empare littéralement du grand public avec le Ten de Pearl Jam et le Nevermind de Nirvana. Metallica incarne la toute-puissance du métal avec la sortie de son cinquième album éponyme, et Rage Against The Machine transcende l’alliance du rap, du funk et du hardcore, sur fond de contestation sociale radicale. Avec leurs petits camarades de Public Enemy et Cypress Hill, Rage vient de poser les bases de ce que les gamins appelleront, quelques années plus tard, le Nu Metal, pavant solidement la voie à de futures stars du genre comme Korn ou Limp Bizkit.
À peu près au même moment, cinq ados de Sacramento (Californie) décident de creuser leur propre sillon en s’inspirant moins de la culture hip-hop que des mélodies désincarnées de The Cure, l’intransigeance de Faith No More, et la froideur industrielle de Nine Inch Nails. Adrenaline (95) et Around The Fur (97) n’ont rien d’une promenade de santé, mais les Deftones, plus progressifs par nature, ont une manière bien à eux de laisser exploser leur créativité. Le public suit, la critique - elle - reste relativement divisée, jusqu’à la sortie de l’album White Pony en 2000, chef-d’œuvre du genre, synthétisant parfaitement les nombreuses influences de la bande à Chino Moreno (chant, guitare rythmique).
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