Trois ans, trois longues années durant, Eddy De Pretto a arpenté la Seine, écumant les monuments parisiens jusqu’à l’écœurement à bord des célébrissimes bateaux-mouches. Plus opportuniste que touriste, Eddy s’y est trouvé une scène. Il chante pour des croisiéristes d’un soir, bruyamment attablés, en rêvant, un jour, de se produire en son nom. Quand il pose pied à terre, le jeune homme rentre chez lui, dans le Val-de-Marne. Il y écrit, beaucoup, disserte longuement sur le mal-être d’un petit banlieusard roux et homosexuel, plongé dans un monde dont il n’a aucune envie d’intégrer les codes et les coutumes.
C’est la révélation. Alliant délicatement rap et chanson française, ses textes le propulsent dans les concours scéniques qu’il remporte un à un. À 24 ans, il en tire Cure (2018) et accède enfin à la consécration tant attendue. Ce premier album s’écoule à 300 000 exemplaires, lui ouvre les portes dans grandes salles, et l’envoie d’entrée de jeu aux prestigieuses Victoires de la musique.
Trois ans plus tard, pratiquement jour pour jour, Eddy De Pretto vogue loin des bateaux-mouches, mais y consacre la première chanson de sa deuxième création : À tous les bâtards ★★★ (Romance Musique, sortie de vendredi 26 avril). Dans le clip qui l’accompagne, Eddy remonte sur Seine pour rendre hommage à ses premiers amours. Mais la soirée dégénère, l’interprète lâche son micro, jette un serveur par-dessus bord, terrorise l’audience, et vide copieusement les coupes de champagne disposées sur les tables. Une façon, sans doute, de dire définitivement adieu au passé, pour mieux s’offrir une nouvelle tournée.
Vous vous en prenez à votre audience dans le clip de “Bateaux-mouches”, c’était un vieux fantasme ?
(Rires) Ça m’a traversé l’esprit quelques fois, oui.
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