Foals est de retour, six mois après la sortie d’“Everything Not Saved Will Be Lost, Part one”. Le groupe de rock britannique livre vendredi le second volume de ce diptyque annoncé. Rencontre avec le groupe le plus festif du Royaume-Uni, dont la plume est désormais hantée par les errements de notre société.
Yannis Philippakis est bougon, ronchon, presque désagréable. En un regard, il transcende l’art du flegme britannique, et communique avec une merveilleuse efficacité toute la lassitude que génère en lui l’inévitable devoir de promotion. Après une dizaine de minutes, on en vient même à se demander si la barbe fournie qui masque une partie du visage du chanteur et guitariste de Foals ne cache pas une moue acquise de naissance, dont il ne se départirait que sur scène, ou chez lui à Oxford, loin des regards indiscrets.
Cette attitude est d’autant plus intriguante, qu’elle contraste radicalement avec l’univers d’un quintet, qui s’est imposé comme le groupe de rock le plus exaltant de sa génération, à coups d’albums festifs et de prestations scéniques survoltées. Né en 2008 au beau milieu d’une Grande-Bretagne livrée en pâture aux derniers râles d’un Brit Rock de moins en moins créatif, Foals a gratifié les sujets de Sa Majesté d’un renouveau salvateur. Un second souffle porté par des basses dansantes, des claviers enivrants, un jeu de guitare dominant, et une identité sonore repensée tous les deux ans, pour chaque nouvelle production.
Un break de quatre ans
Quand l’inspiration se heurte à l’épuisement, en 2015, Foals s’arrête. Le groupe prend un break, et perd son bassiste - Walter Gervers - qui quitte ses camarades pour se consacrer à sa famille. Yannis Philippakis écume les pubs de Londres, pose sa plume à Paris puis en Grèce, et prend le contre-pied du secteur en faisant le choix de l’autoproduction. Foals en retire… deux albums, faits de la même sève, mais aux formes radicalement différentes. Brillant, Everything Not Saved Will Be Lost, Part I (Warner, mars 2019) était doux, électronique, envoûtant, très pop dans ses arrangements. Son cadet, publié ce vendredi, est une authentique réponse rock’n’roll, décevante certes (lire ci-dessous), mais dotée d’une tout autre forme d’énergie. Rencontre avec un homme intense et son guitariste Jimmy Smith, un rien plus philanthrope.
Vous n’aviez pas prévu de promo, initialement vous pensiez pouvoir y échapper ?
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