Noa Moon en clair-obscur
- Publié le 13-05-2017 à 17h35
- Mis à jour le 19-05-2017 à 15h31
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La Belge sort "Azurite", un 2e album tout en nuances et contrastes. Je n’ai plus 22 ans, j’en ai 26. Ce n’est pas énorme comme différence, mais elle est là quand même", insiste Manon de Carvalho Coomans, alias Noa Moon, qui vient de sortir son deuxième album "Azurite" et s’apprête à le défendre lundi 15 mai sur la scène de l’Orangerie aux Nuits Botanique à Bruxelles.
Donner du temps au temps
Il y a quatre ans, tout est allé très vite pour la jeune Bruxelloise. Dans la foulée de son tube "Paradise" qui avait envahi les ondes à l’été 2012, elle a sorti "Let Them Talk", de manière spontanée et rapide. Cette fois, avant de publier un 2e opus, l’artiste belge a voulu prendre son temps. Elle s’est posé beaucoup de questions, aussi. De légitimité, notamment. "Qu’est-ce que je peux vraiment faire d’utile en tant qu’artiste, quel est mon rôle, qu’est-ce que je peux apporter dans la vie des gens ?"
Vaste champ de réflexions sur lequel il vaut parfois mieux ne pas trop s’appesantir au risque de ne jamais en sortir. Noa Moon se demande quand même si les gens vont être intéressés par ses histoires, sa musique. "Dans la vie, on a souvent le choix de se dire : oui, non, stop. Moi, j’avais envie de tout recommencer. Dans ma façon de composer, notamment. Du coup, je n’avais plus de repère." Histoire de se ressourcer, elle loue ponctuellement une maison à la mer du Nord. Elle s’isole, bosse seule, "en mode asocial", comme elle qualifie sa façon de travailler. "Je me suis coupée de mes musiciens, des gens qui m’entouraient, pour être vraiment toute seule avec ma guitare. Et puis j’ai essayé d’aller chercher d’autres sonorités sur mon ordi", raconte Noa Moon qui, en quatre ans, s’est ouverte à d’autres musiques.
Le moment venu, son manager lui présente Daniel Offermann, qui n’est pas seulement bassiste au sein des Girls in Hawaii mais prête parfois ses services à d’autres projets. Les démos de Noa Moon lui parlent. Il n’en faut pas plus pour qu’ils prennent la direction de La Frette, un studio situé dans la banlieue parisienne. Là, Noa Moon et Daniel Offermann vont travailler en trio avec le producteur Nicolas Quéré. "J’ai dû lâcher mes morceaux. Comme je me suis sentie en confiance, je ne me suis pas posé de questions et ils ont fait grandir les chansons. Certaines se ressemblaient trop, d’autres tournaient en rond."
De l’ombre, de la lumière
Au final, la jeune auteur compositeur interprète a gardé douze titres qu’elle présente comme autant de tableaux. "J’ai cherché longtemps avant de donner un nom à l’album. Bizarrement, je suis quelqu’un de beaucoup plus visuelle qu’auditive. Je ne connaissais pas l’azurite avant. J’aime les couleurs que cette pierre dégage. Du bleu, du vert. Du sombre, de la lumière." Si elle a mis du temps à trouver le titre de son nouvel effort studio, il correspond en tout cas bien à ce qu’il dégage.
En comparaison avec "Let Them Talk", sa voix claire et son phrasé appliqué restent familiers; quant à l’habillage musical, il s’est enrichi de couches synthétiques tout en légèreté. Coloration vintage, ralentis opportuns, rythmes entraînants et une belle surprise, le profond "Nightwalk". Tiens, quelles images surgissent dans la tête de Noa Moon quand elle l’interprète ? "Un truc de nuit" (rires). "Dans les bois, quelque chose d’un peu mystérieux, intrigant. Comme quand on est petit et qu’on essaie de se faire peur. En même temps, c’est aussi une invitation à la douceur."
"Azurite", un CD Bluemilk Records/Pias
> En concert le 15 mai aux Nuits Botanique (Orangerie) avec Pale Grey, Barbagallo et Aliocha. Le 18 mai à la Rockhal (Esch sur Alzette), le 24 mai au Reflektor (Liège) et le 22 juillet aux Francofolies de Spa
Une chanson sur les attentats
Filtre. "My City" évoque de façon subtile et détournée les attentats qui ont frappé Bruxelles en mars 2016. "A Bruxelles ou même ailleurs, précise Noa Moon. Parce que finalement, il y a tellement de villes où cela arrive presque tous les jours. Je n’avais pas envie de l’appeler ‘Bruxelles’ ni d’être dans le cliché. Le but de la musique c’est de s’adresser à tout le monde et pas à quelqu’un en particulier. Je veux que ma musique puisse être écoutée n’importe où et que tout le monde puisse s’y retrouver. Je sentais que je portais énormément de choses, comme tout le monde je pense, après ce qu’il s’est passé. J’avais besoin d’écrire. Je ne voulais pas profiter de cet événement pour créer de l’intérêt sur mon album. La musique me sert comme filtre à mes émotions. Afin de pouvoir les sortir de la bonne manière et le plus justement possible."