La diversité culturelle n'est pas gagnée
Au lendemain du vote «historique» à l'Unesco d'une convention «sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles», trois ministres de la Communauté française ont invité la presse pour se réjouir de cette adoption: Marie Arena, ministre-Présidente, Fadila Laanan, ministre de la Culture, et Marie-Dominique Simonet, ministre des Relations extérieures.
Publié le 20-10-2005 à 00h00
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Au lendemain du vote «historique» à l'Unesco d'une convention «sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles», trois ministres de la Communauté française ont invité la presse pour se réjouir de cette adoption: Marie Arena, ministre-Présidente, Fadila Laanan, ministre de la Culture, et Marie-Dominique Simonet, ministre des Relations extérieures. Elles ont souligné le rôle important de la Communauté dans l'adoption de ce texte malgré l'intense lobby américain et elles ont loué le travail de «fourmis» de leurs experts.
Mais cette convention défensive, très importante, qui permet de continuer à subsidier notre identité culturelle, n'est pas un aboutissement: « il ne faut pas baisser la garde», a-t-on entendu.
Car il faudra que la convention soit encore ratifiée par au moins 30 pays. Cela semble aller de soi mais le lobby américain pourrait continuer jusqu'au bout et ébranler quelques parlements nationaux.
Il faut aussi prendre des mesures «offensives» pour soutenir les cultures, car à quoi servirait une convention qui préserverait la diversité culturelle si un pays ne peut proposer des productions culturelles? Cela concerne d'abord le soutien aux cultures des pays les plus pauvres et les plus menacés par la mondialisation de la culture.
La Belgique a accepté à Paris de participer à un fonds de soutien à la diversité culturelle pour les pays du Sud. « La participation à ce fonds se fera sur base volontaire, explique Mme Simonet. Mais j'estime que malgré nos difficultés budgétaires, il faudra être cohérent et y contribuer.» La Communauté française mène déjà de nombreuses actions bilatérales avec le Sud, comme en témoigne l'opération «Yambi», qui verra en 2007 de nombreux artistes congolais invités en Belgique. «Nous travaillons à une note de réorientation de notre politique internationale en matière culturelle. Mais j'insiste sur le multilatéral, qui est une manière de rendre notre Communauté plus visible que ne l'est sa seule taille.»
Autre défi: continuer le travail au niveau européen pour éviter qu'une nouvelle mouture de la directive Bolkenstein ne ramène en Europe la culture dans la seule sphère marchande. Ici aussi, il s'agira d'être cohérent et de faire comprendre aux 25 Européens que s'ils votent une convention à l'Unesco, ils doivent appliquer la même politique au niveau européen. «La Communauté compte jouer un rôle d'aiguillon pour les autres Etats-membres», selon Marie Arena.
Enfin, il y a le niveau interne à la Communauté. Celle-ci consacre chaque année 400 millions d'euros à la culture et l'audiovisuel, mais on sait que c'est insuffisant pour maintenir «notre» diversité culturelle. Vendredi précisément, le gouvernement se penchera sur une note qui fixera les priorités culturelles et donnera les budgets prévisibles. « S'il faut des moyens supplémentaires, convient Marie Arena, il faut aussi faire des choix. C'est ce que nous ferons ce 28 octobre.» On jugera alors.
© La Libre Belgique 2005