Un chèque culture pour lutter contre les obscurantismes

La mesure s’impose selon le député Ecolo bruxellois Christos Doulkeridis.

Charles Van Dievort
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©Bauweraerts D

Le combat contre les obscurantismes et les différentes formes d’intégrisme est difficile et prendra du temps. La réponse ne peut pas être que sécuritaire. Il faut bien sûr des mesures dans ce domaine, mais ce ne sera pas suffisant" estime le député Ecolo bruxellois Christos Doulkeridis. A l’image de ce qui se fait en Italie, il souhaite la mise en place d’un chèque culture destiné aux jeunes.

Au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, le Premier ministre italien Matteo Renzi s’était engagé à offrir à chaque jeune Italien de 18 ans un chèque culture de 500 euros. Une promesse qui se concrétisera le 15 septembre. Ils seront 574 000 à recevoir des bons à valoir contre des livres, des tickets de concert, des places de spectacles, etc. Le gouvernement italien en est convaincu : pour éloigner les jeunes du terrorisme et mettre en échec la politique d’endoctrinement de Daesh, il faut plus d’éducation et plus culture.

"Après les attentats, dit Christos Doulkeridis, on a entendu de nombreuses voix, notamment politiques, dire qu’on ne lâchera rien sur nos valeurs. Mais la plupart des mesures prises chez nous vont dans le sens d’une diminution des libertés et conduisent à un repli sur soi. De plus, ces mesures prises au fédéral et par les Régions et les Communautés, ont pour objectif de travailler sur des jeunes déjà en voie de radicalisation." Or, il est aussi important de travailler en amont pour prévenir les radicalisations et affirmer nos valeurs démocratiques d’ouverture et de vivre ensemble explique-t-il.

Les arbitrages budgétaires

Le mandataire Ecolo a donc sorti sa calculette. Selon les chiffres d’Eurostat, il y a 127 000 Belges âgés de 18 ans. Leur attribuer un chèque culture de 500 euros représente une enveloppe de 63,5 millions d’euros. Un montant qu’il juge raisonnable au regard des 815 millions mobilisés par le fédéral pour financer les mesures de sécurité ou des 12 millions par trimestre que coûte le déploiement des militaires dans les rues.

Mais vouloir ce n’est pas forcément pouvoir. Ecolo le sait, n’appartenant à aucune majorité au fédéral comme dans les Régions et les Communautés, il devra convaincre les autres partis. Et s’il se dit que ceux-ci ne sont pas opposés au principe, quand il s’agit de passer aux choses concrètes, le "Oui, mais…" est de sortie.

Un autre obstacle très concret doit également être surmonté : comment financer cette nouvelle mesure ? On le sait, la situation budgétaire des Communautés est tout sauf fleurissante. Un argument que le député bruxellois balaye du revers de la main jugeant l’investissement à la portée des institutions. Ça représenterait 25,5 millions pour la Fédération Wallonie-Bruxelles et 38 millions pour la Flandre. "C’est une question de choix politique", affirme-t-il, en ajoutant qu’à l’image de ce qui se passe pour les mesures sécuritaires, une concertation entre les entités fédérale, régionales et communautaires doit être mise en place pour déterminer comment renforcer notre démocratie et ses valeurs. "Les discussions et les arbitrages budgétaires se font maintenant. Il est encore temps de montrer qu’on peut s’engager dans cette direction. Je lance un appel aux gouvernements des Communautés".

Un investissement primordial

L’Europe pourrait même donner un coup de pouce. Il est vrai qu’au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, le commissaire européen aux Affaires économiques a entrouvert une porte. Interrogé sur l’impact que pourraient avoir les mesures de sécurité décidées par Paris sur le déficit public de la France, Pierre Moscovici avait indiqué que la Commission ferait preuve de compréhension et qu’elle comprenait la "priorité"donnée par le gouvernement français "à la sécurité". "Le chèque Culture, c’est une action contre le terrorisme, clame Christos Doulkeridis.Il faut plaider au niveau européen pour que ce type de dépenses puisse être exonéré dans les calculs des déficits publics des Etats membres."

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