Le Vlaams Belang a "la culture dans son viseur"
Son score électoral, lui donne le droit de siéger dans de nombreux conseils d’administration culturels.
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Publié le 05-06-2019 à 10h13 - Mis à jour le 05-06-2019 à 14h45
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Son score électoral, lui donne le droit de siéger dans de nombreux conseils d’administration culturels.
En Flandre, la percée du Vlaams Belang pourrait lui permettre de revendiquer des postes d’administrateurs dans de nombreuses institutions culturelles, au nom du Pacte culturel de 1970 (valable aussi en Communauté française), qui prévoit que le pluralisme est garanti et que toutes les sensibilités soient représentées dans les conseils afin de protéger les minorités idéologiques. On voulait àl’époque s’assurer d’un bon équilibre entre catholiques et libres-penseurs.
En fonction du poids respectif des partis au Parlement flamand (la clé D’hondt), le Vlaams Belang pourrait ainsi, en 2020, obtenir deux postes d’administrateurs à la VRT. Et comme la N-VA peut en demander quatre, cela ferait six postes sur douze, soit la moitié du CA pour les nationalistes flamands. De quoi inquiéter bien sûr les milieux culturels flamands. De Morgen titrait mardi: "Le monde culturel dans le viseur du Vlaams Belang".
La règle a plus de souplesse dans les 25 autres institutions culturelles soumises au Pacte culturel, qu’à la VRT. Le Vlaams Belang a d’ailleurs déjà occupé des postes d’administrateurs après le Dimanche noir de 2004, mais sans alors pouvoir influencer les choix (ou a renoncé à réclamer ces mandats).
Cette fois, le chef du groupe Vlaams Belang au Parlement flamand, Chris Janssens, menace dans De Standaard et explique que la VRT doit "abandonner la pensée unique sur le multiculturalisme et la nécessaire diversité. Il doit y avoir place pour davantage de critiques de l’Islam." Ce parti veut aussi privatiser des pans de la chaîne publique.
Le cas du KVS
Le Vlaams Belang a eu déjà un représentant à l’Opéra Flamand et au Ballet de Flandre. D’autres institutions ont réussi à ne pas avoir de tels administrateurs. Cette fois, Chris Janssens, écrit De Standaard, se dit décidé à réclamer le "droit du Vlaams Belang". Pour y demander, dit-il, en exemple, que les subsides culturels "ne servent plus à une culture autoproclamée des élites ou à de l’activisme de gauche".
Chacun aujourd’hui reste prudent et rappelle qu’un administrateur "abandonne sa carte de parti en siégeant". Le Vlaams Belang pourrait théoriquement entrer dans les conseils de 24 institutions au moment du renouvellement des CA. A l’Ancienne Belgique, ce serait en 2020, au Brussels Philarmonic en 2021, mais au KVS en 2023 seulement.
Ce que nous confirme Michaël De Cock, le directeur du KVS: "Au KVS, de toute façon, il n’y a rien qui change jusqu’à 2023. Notre CA est composé de représentants de la ville, du gouvernement bruxellois et de la Flandre. Et surtout, il y a un liberté artistique très nette : le CA n’interfère à aucun moment avec les choix artistiques. Je crois que notre projet est très clair (il connaît beaucoup de succès à Bruxelles et à l’étranger). C’est un projet multilingue, multiethnique et "genderdivers", comme vous savez…. tout simplement parce que c’est la meilleure garantie pour la qualité."
Les institutions biculturelles fédérales (Bozar, Monnaie, ONB) pourraient aussi théoriquement avoir des administrateurs Vlaams Belang. Mais les gouvernements successifs ont jusqu’ici évité d’ouvrir la boîte de Pandore, préférant de simples adaptations des conseils. A la Monnaie, le CA a ainsi perdu ces dernières années trois administrateurs (les décès de Roger Lallemand et Luc Coene et le départ d’une administratrice MR) sans qu’on ait renouvelé ces postes. Sans doute pour ne pas trop attirer l’attention de la N-VA. Jan Jambon en tout cas n’a jamais proposé d’administrateur N-VA. Et comme la crise au fédéral risque d’être très longue, le CA peut continuer comme il est, et il fonctionne très bien, dit-on.
La situation est semblable à Bozar où le Conseil nommé en 2002 a toujours été adapté mais jamais recomposé, les gouvernements voulant éviter l’entrée d’extrémistes. Ici aussi, le Conseil présidé depuis 17 ans par Etienne Davignon fonctionne bien et cherche plutôt des administrateurs indépendants que des porte-parole des partis.
La question se pose par ailleurs: la Vlaams Belang a-t-il bien les "experts culturels" pour remplir ces éventuels postes?