Alain Moreau, directeur du Tof Théâtre et du Monty : "Je suis étonné par un tel déferlement"
Les réactions d'Alain Moreau du Tof Théâtre et de Lucie Yerlès à l'intérieur du Monty.
Publié le 30-04-2021 à 21h27 - Mis à jour le 09-05-2021 à 17h12
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«Nous sommes assiégés par la police», nous avertit, en début de soirée du 30 avril, Alain Moreau, directeur du Tof Théâtre et du Monty, qui a déjà fait l’objet d’une verbalisation le 13 mars dernier, lors d’une précédente action de "Still Standing for Culture".
Bravant l’interdiction du gouvernement, qui a selon lui trop tiré sur la corde de l’arbitraire, le Monty, dans le cadre de la 5ème action de "Still Standing for Culture" avait annoncé haut et fort 4 jours de programmation et convié le public à s’associer à cet acte de résistance, lui promettant de ne pas l’abandonner en cas de verbalisation.
Invité à la représentation de 18 heures, ce vendredi, le Solo de Lucie Yerlès , le public se voit refuser l’entrée par des policiers en faction devant la porte du Monty. Mais il réussit à entrer par la porte de l’épicerie voisine.
Sur scène, à la corde lisse, la circassienne s’adresse aux rangs clairsemés de spectacteurs, dans le respect des normes sanitaires: «Merci d’avoir bravé la police. Je m’appelle Lucie et je vais présenter une étape de travail. C’est un spectacle qui parle de cirque. J’adore le cirque. J’ai étudié à l’école de Montréal, qui est une école de rêve...»
Mais le rêve ne tarde pas à s’effondrer. La police entre dans la salle. Le public, bon enfant, lève les bras. La police lui dit qu’il peut les baisser et commence à relever les cartes d’identité de toutes les personnes présentes.
«On s’y attendait», nous dit Alain Moreau, «mais jusqu’à la dernière minute, on espérait un peu de bon sens. Je suis étonné par un tel déferlement de forces de l’ordre: trois combis et une brigade canine! Nous agissons, car nous avons peut-être les reins un peu plus solides que certains autres artistes, qu’on a une réputation et que j’ai déjà été verbalisé le 13 mars dernier, toujours dans le cadre de "Still Standing For culture". Je veux me faire verbaliser pour faire avancer la cause. Il y a onze millions de spectateurs en Belgique. On veut faire appel à cette équipe de onze millions et on veut que le gouvernement, au lieu de procéder par arrêtés ministériels, fasse appel à son équipe de parlementaires également.»
L’absurdité dénoncée par Lucie Yerlès
Redescendue sur terre, Lucie Yerlès nous dit regretter l’absurdité de la situation: «Je devais présenter une étape de travail d’un spectacle en création, qui sort dans 4 mois et demi et qui parle du public. Il importe de le montrer. Cette situation est absurde, avec ces policiers qui sont là et qui trouvent eux-mêmes absurde d’être là. Il n’est pas plus dangereux d’être là que de prendre le bus ou d’aller chez H&M.»
Derrière nous, Guy Goossens, programmateur culturel, déclare être scandalisé à la police, lorsqu’elle lui demande sa carte d’identité : «Vous êtes censés représenter la Constitution de ce pays. Je suis un programmateur culturel. Assister à un spectacle est un droit élémentaire».
A la demande de la police, le public a évacué la salle dans le calme. Affaire à suivre, dès demain, même heure, même endroit.