#StillStanding : des lieux n’ont pas bravé l’interdit “à cause de pressions politiques”
Bilan d’une semaine d’actions avec Gwenaël Breës, l'un des porte-parole du mouvement citoyen.
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Publié le 07-05-2021 à 18h43 - Mis à jour le 09-05-2021 à 17h12
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Entre le 30 avril et le 8 mai, 131 lieux culturels (cinémas, théâtres, maisons de jeunes…) ont posé un acte de résistance – accueillir du public en salle ou en extérieur – dans le cadre de la 5e action lancée par le collectif citoyen #StillStandingForCulture. Objectifs ? Demander la reprise du secteur culturel, paralysé depuis des mois, et “sortir de cette logique destructrice qui sacrifie les activités porteuses de sens, de débat et de lien social, et oppose les secteurs les uns aux autres”.
Alors que le Plan Plein Air du gouvernement fédéral démarre ce 8 mai et qu’un nouveau Comité de concertation (Codeco) est prévu le 11 mai (le plan de déconfinement de la culture devrait y être à nouveau discuté), quel bilan tirer de cette semaine d’actions, rythmée entre soulagement, déception et indignation ? On fait le point avec Gwenaël Breës, l'un des porte-parole de #StillStanding.
Plus de 130 lieux se sont autodéconfinés cette semaine. Comment avez-vous organisé cette mobilisation ?
On ne vient pas de nulle part puisqu’il y avait déjà eu les appels à actions de #StillStanding le 20 février et le 13 mars. Il y avait donc déjà des liens noués. Pour cette 5e action, nous avons envoyé un courrier à plusieurs centaines de lieux et d’organisateurs de festival, en reprenant un argumentaire de fond – la culture fait l’objet d’un traitement discriminatoire, qui est un combat symbolique aussi à gagner – et un argumentaire juridique, en montrant toute une série d’exemples qui nous permettaient de penser qu’on pourrait ouvrir sans se faire réprimer. À partir de là, on a commencé à tenir des réunions : on sentait beaucoup d’intérêt mais aussi pas mal de crainte. Le courage, la confiance et le nombre de participants, qui a grossi en cours de route (de 80 à 130), ont servi à renforcer les motivations.
Vous attendiez-vous à une telle participation ?
On se disait qu’il fallait au minimum 20-30 lieux et que c’est la force d’ouvrir et d’accueillir du public qui ferait passer le message. En fait, beaucoup plus de lieux auraient pu ouvrir, car beaucoup étaient intéressés, mais ils n’ont pas participé parce qu’il y avait des réticences dans leur CA ou des pressions politiques.
Les risques encourus (interruptions, interdictions, verbalisations…) étaient connus. Certains lieux, comme le Tof Théâtre-Le Monty ou l’Atelier 210, n’ont pas été épargnés. Comment #StillStanding va-t-il les soutenir ?
Tous les scénarios étaient possibles. Dans les jours qui ont précédé le 30 avril, des décisions ont été prises au niveau des collèges de procureurs qui disaient qu’il fallait faire respecter la loi et donc verbaliser ou interdire. Mais le nombre de participants et le retentissement médiatique ont fait que, finalement, dans l’ensemble, il y a eu très peu d’interventions policières, d’interdictions et de verbalisations. Le Tof (Genappe) et l’Atelier 210 (Etterbeek) sont donc des cas isolés de décisions de bourgmestres, qui n’étaient absolument pas obligés d’envoyer la police. Vincent De Wolf (MR) est le seul bourgmestre du pays à avoir pris un arrêté d’interdiction pour le 210. Donc, du côté de #StillStanding, s’il y a des verbalisations, cela va nous permettre de passer devant un juge et on espère bien faire condamner les mesures, qui sont discriminatoires. Notre travail va donc être vraiment un support juridique, et ce, même si, en parallèle, le secteur culturel a introduit jeudi une action en référé contre l’État belge.
Entre le Plan Plein Air et le Codeco de mardi, comment se profilent les prochaines actions de #StillStanding ?
Si le Codeco ne bouge pas et laisse la reprise culturelle tributaire des évolutions épidémiologiques, bien sûr que les actions vont se multiplier. On a démontré qu’il y avait une détermination et une confiance. Cette semaine, aux Halles de Schaerbeek (#StillStanding y a organisé une série de rencontres et débats, NdlR), l’épidémiologiste Marius Gilbert a confirmé que toutes ces actions ne comportaient pas de danger de contamination tant qu'elles respectent les protocoles. Je pense que des lignes vont tout doucement commencer à bouger, notamment avec cette action. Cela va devenir indéfendable pour les politiques d’utiliser des arguments sanitaires pour maintenir le secteur dans ce conditionnement à des critères épidémiologiques. À ce moment-là, on sera peut-être enfin dans un débat politique et juridique.