"T’es vraiment trop conne", burn-out et démissions : des témoignages accablent à nouveau le directeur des Musées Royaux des Beaux-Arts
Alors que Michel Draguet, directeur des Musées Royaux des Beaux-Arts (MRBA), arrive au terme de son mandat, des membres du personnel ont remis en question son management.
Publié le 30-01-2023 à 09h50 - Mis à jour le 30-01-2023 à 11h01
En avril prochain, Michel Draguet terminera son mandat en tant que directeur des Musées Royaux des Beaux-Arts. Si l’homme veut continuer à assurer ce rôle, des témoignages de membres du personnel viennent quelque peu entacher sa candidature. En décembre dernier, une lettre ouverte d’un collectif de 31 membres avait déjà conduit à une enquête. Ce lundi, la RTBF relaie de nouveaux propos accablants.
Selon le média public, une quarantaine d’employés (sur 210 au total) remettent à nouveau en question le management de Michel Draguet. La RTBF a eu contact avec certains d’entre eux.
Une employée confie ainsi : “J’ai déjà assisté à un vrai bashing de ma responsable directe en réunion lors de laquelle il lui a dit ‘T’es vraiment trop conne’. J’étais sous le choc. Il a des propos très problématiques par rapport aux femmes.” Et elle ajoute, à propos d’une autre employée d’origine allemande, que Michel Draguet a déjà tenu en réunion des remarques “vis-à-vis du nazisme ou autres allusions à la Seconde Guerre mondiale”.
Un autre témoin, un ex-employé qui a été licencié, ajoute : “Des remarques homophobes, racistes, misogynes : c’est récurrent, cela a lieu durant les réunions, parfois en présence de partenaires, parfois en présence d’artistes et même de journalistes.”
D’après les témoignages, les artistes eux-mêmes sont également la cible du directeur des MRBA. “On peut se retrouver avec Michel Draguet qui va dire, dès que l’artiste a quitté la pièce, ‘De toute façon, cette personne n’est même pas artiste, elle peint des croûtes' ou bien, en référence à l’œuvre d’un artiste contemporain qu’on accueille, traiter une de ses œuvres ‘d’étron’.”
Outre ces remarques déplacées, la gestion de Michel Draguet est aussi contestée. Un témoin évoque un directeur “autocentré” et “qui ne laisse jamais la parole à personne”. Selon un autre, le directeur du MRBA a une “mainmise totale sur la programmation des expositions, desquelles il est commissaire à 80-90 %". Une troisième personne déclare qu’il gère cette institution publique “comme si c’était son entreprise privée, avec sa vision unique et ses propres objectifs, et probablement ses propres intérêts”.
Plusieurs témoignages évoquent également des pressions fortes sur le personnel. “Plusieurs personnes dans différents services ont fini en burn-out ou ont démissionné”, confie ainsi une source.
Michel Draguet réagit
Face à ces accusations, Michel Draguet n’est pas resté muet et a réagi auprès de la RTBF. Il évoque la situation compliquée de nombreuses institutions publiques, notamment à cause d’un budget limité. “Il y a du mal-être partout, et pas qu’aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, il y a du malaise dans les autres établissements scientifiques, et d’après ce que j’entends dans une grande partie de la fonction publique en général”, précise le directeur des MRBA.
Sur les critiques concernant les expos, que certains lui reprochaient de choisir au cas par cas, Michel Draguet avance “des raisons économiques”. “Pour vivre, il faut des expositions qui drainent les foules”, précise-t-il.
Pour ce qui est des propos jugés offensants, le directeur des Musées Royaux des Beaux-Arts indique : “Je ne vais pas rentrer dans le détail mais il est évident que je ne suis pas un type parfait. J’ai probablement un parler direct et c’est vrai que quand on fait une connerie, peut-être que je le dis. Je manie régulièrement l’humour, ça peut être mal perçu.”
S’il se désole donc de toutes ces attaques, Michel Draguet trouve néanmoins “assez étonnant de voir ce genre d’accusations apparaître à un moment de renouvellement de mandat…”