Quand la jeunesse se mixe, des talents jaillissent
Une darbouka rencontre une flûte traversière, une djellaba, un costume de majorette, la gnawa, le métal, les mille et une nuits, la poésie urbaine ! Des jeunes artistes belges, algériens, tunisiens, marocains, musiciens, danseurs, circassiens et stylistes ont fusionné leur savoir-faire dans un spectacle métissé.
- Publié le 30-08-2007 à 00h00
Une darbouka rencontre une flûte traversière, une djellaba, un costume de majorette, la gnawa, le métal, les mille et une nuits, la poésie urbaine ! Des jeunes artistes belges, algériens, tunisiens, marocains, musiciens, danseurs, circassiens et stylistes ont fusionné leur savoir-faire dans un spectacle métissé.
Dans le cadre des échanges internationaux, "Faut que ça bouge !", du BIJ (Bureau international de la jeunesse) et du programme "Dialogue et modernité" du CGRI (Commissariat général aux relations internationales de la Communauté française), une soixantaine de jeunes artistes, entre 18 et 30 ans, se sont réunis en février dernier à Salé, près de Rabat, pour échanger leur style sous le thème "Entre tradition et modernité". Pari réussi. Aperçu lors d'une répétition, le résultat est surprenant. Sur scène, une quinzaine de lustres orientaux et design diffusent une magie singulière à un imposant orchestre hybride, le temps d'une séquence musicale inimaginable aux sonorités mixées de gnawa, hip-hop, rock et ragga ! Ici, l'improbable est réuni, de la batterie de Guillaume à la gambri (une guitare traditionnelle à trois cordes) de Foulane. Un jeune en tenue gnawa, castagnettes métalliques ("qraqech") en main, vocalise avec une jeune fille en jeans et déhanchés modernes ! A l'avant-scène, le jeune Mohamed, dit Simo, avec l'aisance d'un chanteur aguerri, nous balance son rap... arabe. "Je chante en arabe, , parce que j'ai jamais vu un rappeur américain chanter en arabe ! Pour ce tableau, une de mes mélodies a été reprise avec cet... orchestre, des musiciens d'un superniveau ! C'est génial, ça donne du ganwi-métal !"
Beauté visuelle, originalité sonore et poétique, "Naïda !" ("Ça bouge !", en argot marocain) touche l'expérience unique. Quinze jours intenses de répétitions, de créativité, de confrontations, de découvertes et de compromis pour peaufiner un spectacle bigarré, encadré par le metteur en scène belge Jean-Michel Frère. "Naïda, explique-t-il, est une suite de tableaux composés. Il y a des moments de danse et de cirque contemporains, de la musique et quelques textes de slam. Ces jeunes artistes mixent leurs disciplines artistiques et expérimentent des choses nouvelles. Le spectacle parcourt des formes très variées mais aussi des émotions, des atmosphères, sombres, déstructurées, légères et festives. La richesse de cette rencontre est que certains ont découvert d'autres méthodes de travail". C'est le cas de Tanguy, chanteur musicien bruxellois de 25 ans : "J'ai découvert les musiques gnawa, je suis sous le charme ! Bosser avec des danseurs, pouvoir répondre à leurs mouvements : je n'avais jamais essayé auparavant. C'est enrichissant. Jouer de 10 heures à 23 heures, c'est le rêve. Malgré quelques "ego" d'artistes crispants, l'aventure est géniale. J'ai rencontré des gens très généreux comme le bassiste Khaled, le batteur Hafid, l'accordéoniste François,... des musiciens avec qui j'aimerais poursuivre." Et Simo de conclure : "Ramasser soixante artistes belges, marocains, algériens, tunisiens, faire un spectacle ensemble, c'est pas facile ! Mais ici, on s'en fout si tu es maghrébin ou européen. L'essentiel, c'est l'art que tu crées."
Avec "Naïda !", le Bureau international de la jeunesse a encore réussi un échange interculturel d'envergure.
Mercredi, on annonçait déjà salle comble (750 places) pour l'unique représentation (gratuite) de ce soir. Dans cette ambiance souk et chaleureuse et les désistements de dernière minute, parions que chacun trouvera sa place.
Bruxelles, Théâtre National, samedi 1er septembre. Rés. 0800/25.180, www.lebij.be
© La Libre Belgique 2007