Lumière sur l’orgasme féminin

"Je mens, tu mens !", une comédie sans tabou sur la sexualité.

Camille de Marcilly

Publié le 28-09-2013 à 05h45 - Mis à jour le 04-10-2013 à 09h12

©D.R.

Avec "Tout ce que je serai" d’Alan Ball, créé en avril 2012, Christine Delmotte avait déjà abordé la sexualité dans ses aspects complexes (prostitution… ). Cette fois, elle saisit à bras-le-corps un thème à la fois plus précis, la jouissance féminine, mais tout aussi délicat tant cela implique la vie des hommes et des femmes, la perception du couple et la liberté de parole. "Je mens, tu mens !" de la psychanalyste clinicienne Susann Heenen-Wolff met en lumière les malentendus entre hommes et femmes avec un humour épicé à l’anglo-saxonne.
Clichés et malentendus

Sur la petite scène de l’Atelier au Théâtre de la Place des Martyrs, deux couples se resservent un verre de vin après une partie de bridge. La conversation glisse vers des sujets intimes et chacun se livre à des confidences autour de leur première fois. Déjà, certains mentent, d’autres, les femmes, disent la vérité concernant leur inconfort et le manque de plaisir. Surgit alors la question de l’orgasme féminin : vaginale ? Clitoridienne ? Frigide ? Qu’est-ce que cela signifie ? Les clichés et les malentendus s’enchaînent malgré les tentatives des deux femmes de dire la vérité aux hommes : la pénétration leur donne du plaisir mais ne les fait pas jouir.

Dans cette valse de mensonges des couples qui évoquent des personnages à la Woody Allen, Stéphanie Van Vyve, lumineuse, et Fabrice Rodriguez font face à Mathilde Rault - au rôle effacé qui prend peu à peu une belle ampleur - et Quentin Minon. De belles scènes en duo, féminin ou masculin, permettent de s’apercevoir à quel point les couples ne parviennent pas à communiquer et comment les femmes en viennent à se mentir à elles-mêmes.

Si l’aspect parfois légèrement didactique du texte est accentué par une mise en scène où les acteurs font souvent face au public, le spectateur se laisse pourtant vite emporter par cette comédie savoureuse et pleine de vérités oubliées. Avec la lumière pour seul décor, les relations des couples sont davantage mises en lumière. Une comédie salutaire.

Bruxelles, Théâtre de la Place des Martyrs, jusqu’au 26 octobre. Durée : env. 1h15. De 10,50 à 16,50 €. Infos & rés. 02.223.32.08. et www.theatredesmartyrs.be