La Monnaie vit un tournant
Peter de Caluwe à l’heure des nouvelles présentations et des réflexions. Chantiers.
Publié le 17-10-2013 à 08h21 - Mis à jour le 17-10-2013 à 12h51
Mardi, dans un de ces "seul en scène" (quoique entouré de son équipe) dont il a le secret, Peter de Caluwe a livré à la presse une sorte d’arrêt sur image, avec coups de projecteur sur tous les départements de la Monnaie, en commençant par la nouvelle équipe de direction. Au poste de directeur financier, le Français Thomas Lauriot dit Prévost - c’est son nom et celui de ses ancêtres depuis deux siècles - prend la succession de son compatriote Bernard Coutant (20 ans de collaboration exemplaire, 17 saisons en équilibre !). Le nouveau directeur dispose d’une expérience significative à l’Opéra de Paris, au Théâtre de Caen et au Théâtre du Châtelet, où il s’investit durant sept ans dans le projet de repositionnement porté par Jean-Luc Choplin. Il est très heureux de pénétrer dans la culture belge et promet de parler (un peu) le néerlandais à sa prochaine prise de parole publique.
Deuxième nomination notoire : celle de Krystian Lada - un international d’origines hongroise et polonaise, jouissant d’une expérience approfondie aux Pays-Bas et déjà membre de l’équipe de la Monnaie - qui prend la direction de la dramaturgie et du développement culturel (à la suite de Christian Longchamps). Son but : "continuer à creuser le sens des livrets et à mettre l’opéra en relation avec notre temps". Les deux nouveaux venus sont jeunes et branchés (chacun dans son genre), voilà Peter de Caluwe devenu, de son aveu, le doyen de la bande…
Lancement des travaux
Autre pilier de la direction, la Britannique Charmaine Goodchild, directrice technique de la Monnaie, est aussi porteuse de l’ambitieux master plan dont les budgets viennent d’être approuvés.
Travaux de rénovation
Après mille tractations, les indispensables travaux de rénovation et d’équipements, confiés au bureau ARRC - Michel Verliefden et répartis en deux volets, seront pris en charge par deux instances : tout ce qui concerne le bâtiment du théâtre - façade, salle (les sièges et la ventilation !), scène et équipements - revient à la Régie des bâtiments, pour un coût estimatif (mais très précis) de 14 443 491,77 euros; les travaux portant sur les ateliers de la rue Léopold - avec, notamment, le creusement d’un tunnel en sous-sol pour l’acheminement des décors et un nouveau système énergétique - revient à Bel Iris, pour un coût de 10 007 631,38 euros. La Ville de Bruxelles apportera elle aussi sa contribution au projet. Les travaux commenceront dès 2014 et entraîneront la fermeture du théâtre entre fin mai et début décembre 2015, six mois pas plus, une occasion de partir à la découverte d’autres lieux - dont Tour et Taxis - et d’autres publics.
Prendre le chemin de l’opéra
Comme le précise Adeline Cuny, récemment nommée directrice des publics et de la communication, et forte d’un processus similaire au TNP, "une délocalisation est un moyen extraordinaire pour permettre à de nouveaux publics, rencontrés in situ, de prendre naturellement le chemin de l’opéra". En tant que chef permanent de l’orchestre, Ludovic Morlot, prit à son tour la parole pour annoncer un programme renforcé de concerts symphoniques, la plupart avec chœurs, en collaboration avec divers opérateurs de Belgique, ainsi que des concerts de musique de chambre extra-muros, en parallèle avec les thématiques de saison. Propos relayés et amplifiés avec feu par le chef des chœurs, Martino Faggioni. Plus délicat : le budget propre de la maison reste difficile à tenir en équilibre : au cours des 4 dernières années, la Monnaie a perdu 18 pour cent de sa subvention, soit 1,1 million d’euros, tout en maintenant la plupart des avantages salariaux (mais pas tous) de son personnel (80 pour cent des dépenses), l’exercice devient quasi impossible.
Enfin, sur fond de deuil et de doute (le récent suicide d’une collaboratrice), Peter de Caluwe a salué l’engagement de toute l’équipe et souligné l’absolue nécessité de faire circuler la communication interne dans les deux sens, avec remontée de l’info depuis la base. Une nouvelle culture d’entreprise sera sans doute le plus important des futurs chantiers.
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