Alice ou le voyage intérieur
Jasmina Douieb et Thierry Janssen adaptent Lewis Carroll. Critique.
Publié le 08-12-2014 à 21h16 - Mis à jour le 12-12-2014 à 11h03
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Au pays du paradoxe, de l’absurde et du bizarre court un lapin en retard, que poursuit une fillette avec le gant qu’il a perdu. "Oncle Dodo! Oncle Dodo !", appelle-t-elle, mais celui-ci poursuit le temps comme une obsession.
L’enfant, c’est Alice Liddell, devenue jeune femme. Dodo, c’est le révérend Charles Dodgson qui, sous le pseudonyme de Lewis Carroll et inspiré par la fillette, imagina "Alice’s Adventures in Wonderland".
Thierry Janssen et Jasmina Douieb - lui également dans la distribution, elle à la mise en scène - cosignent l’adaptation de l’œuvre fameuse pour cette création où ils ont voulu "interroger le regard de l’adulte sur ses lectures d’enfant et pénétrer dans cet univers par l’objet même du livre" .
Effets spéciaux
C’est ainsi Alice la muse qui entreprend d’arpenter le Pays des merveilles. En commençant par la chute, soit très longue, soit très lente, mais vertigineuse, jusqu’à cet endroit indéterminé où le temps devient plastique, où "on peut se rappeler les événements avant qu’ils se produisent" .
Métamorphique et atmosphérique, la fable peut compter sur Anne Guilleray et Geneviève Périat, créatrices de la scénographie, des costumes, masques et marionnettes, ainsi que sur les lumières de Philippe Catalano et la création musicale de Daphné D’Heur, pour que prennent vie ses effets spéciaux. Fumées, ombres, maisonnette de carton… L’Alice de Sophie Linsmaux grandit et rapetisse, bondit et glisse, croisant notamment Lewis Carroll/le lapin (Michel Carcan), le Chat du Cheshire (Lara Hubinont), la terrible Reine ou le Chapelier (Thierry Janssen), le Roi ou Humpty Dumpty (Clément Thirion), le Bombyx ou elle-même dans le futur (Françoise Oriane).
Car si "Alice au pays des merveilles" est un voyage, il est avant tout intérieur : celui d’une jeune adulte à un tournant de sa vie, chez qui l’onirisme et la mémoire du merveilleux percutent à l’infini l’angoisse de l’identité. Pas étonnant dès lors que l’adaptation fasse allusion - aussi brièvement que cocassement - aux pères de la psychanalyse.
Bruxelles, Théâtre royal du Parc, jusqu’au 20 et le 31 décembre, à 20h15 (le dimanche à 15h). Durée : 2h, entracte compris. De 5 à 26 € (10 à 52 € pour le réveillon). Infos & rés. : 02.505.30.30, www.theatreduparc.be