Un "Plexus" lunaire signé Bory

Portrait maîtrisé d’une femme araignée qui lutte puis s’élève entre 5 000 fils. Critique.

Laurence Bertels, à Paris
Mario Del Curto / STRATES OD 306/5 "Plexus", Thމtre de Vidy, Lausanne, Suisse, le 27 novembre 2012, "Plexus" Conception, scŽnographie et mise en sc�ne de AurŽlien Bory avec la danseuse Kaori Ito au Thމtre de Vidy-Lausanne les 26, 27 et 28 novembre 2012.
Mario Del Curto / STRATES OD 306/5 "Plexus", Thމtre de Vidy, Lausanne, Suisse, le 27 novembre 2012, "Plexus" Conception, scŽnographie et mise en sc�ne de AurŽlien Bory avec la danseuse Kaori Ito au Thމtre de Vidy-Lausanne les 26, 27 et 28 novembre 2012.

Plus une place de libre au Théâtre des Abbesses à Montmartre en ce dimanche ensoleillé de janvier où se joue et se danse l’improbable "Plexus".

Nom bien connu du milieu, Aurélien Bory, metteur en scène, qui a fondé la compagnie 111 en 2000, aime développer un théâtre physique, hybride et singulier. Son public le suit volontiers. Et l’on se souvient avec bonheur de son "Plan B" (2003).

Kaori Ito, née à Tokyo et initiée au ballet classique dès l’âge de 5 ans, part aux Etats-Unis en 2000 pour intégrer la section danse de l’Université Purchase de l’Etat de New York. On l’admirera aussi dans "Au revoir Parapluie", "Raoul" et "Tabac rouge" de James Thierrée. Les noms de Guy Cassiers, d’Alain Platel et de Sidi Larbi Cherkaoui figurent également sur son CV. Kaori Ito compte nombre d’admirateurs. Après Lausanne, Nantes, Barcelone, Séville ou encore Paris, "Plexus" fera halte aux Halles de Schaerbeek en ce début avril.

Femme araignée

Femme araignée accrochée aux 5 800 fils du plateau, Kaori Ito en nuisette s’observe, écoute son pouls, ses vibrations avant de s’ouvrir à la vie, de traverser l’écran, de s’enrouler dans la fluidité d’un drap noir puis de lutter dans l’étonnante structure imaginée par le metteur en scène Aurélien Bory après un long travail de recherche, parti de marionnettes à fils à l’effigie de Kaori Ito. "Voici ton professeur de danse", lui avait-il déclaré.

Sur scène, les marionnettes ont disparu au profit de la magie du spectacle qui comme toujours au cirque défie les lois de la pesanteur. Sur qui, sur quoi l’artiste s’appuie-t-elle ? Derrière un processus d’apparence complexe se dissimulent en réalité la magie du théâtre et sa grâce artisanale. Pendant que la marionnette est restée dans le corps de Kaori Ito, cette femme dont le metteur en scène a voulu dresser le portrait. Non pas comme en peinture, photographie ou littérature mais, en toute modestie, avec le corps et l’espace. Epure, peaufiné, Plexus, comme "entrelacement" en latin, flirte sans cesse entre la danse et le cirque contemporains. Une délicatesse intime et presque instinctive émane de chacun de ses gestes. L’artiste s’élève et grimpe aux arbres comme accrochée au tissu aérien. Elle évolue et se débat sans cesse dans ses fils de lumière tout en donnant le ton et le son de ses mouvements pour un envol final, lumineux, toute de doré vêtue, après avoir dansé dans une douce nudité.

D’une ingénieuse complexité, "Plexus", plutôt distancié, fascine par son élégance plus conceptuelle que charnelle. D’où une certaine froideur en adéquation avec le propos. Aurélien Bory n’a pas voulu "faire japonais" mais la nature et l’éloignement de Kaori Ito font partie intégrante du spectacle. Maîtrisé.

Aux Halles de Schaerbeek, les 1 et 2 avril à 20h30. Infos : 02. 218.21.07 ou info@halles.be

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