Vertiges et vestiges du Off
Scènes La foule s’étiole et les derniers tracts s’échangent dans les rues d'Avignon, où cependant la chasse au coup de cœur reste ouverte. Impressions.
Publié le 27-07-2016 à 16h27
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Clôturé le 24 juillet, le 70e Festival d’Avignon signait une édition 2016 dense et riche malgré sa durée légèrement réduite. Or si le Off – né en 1966 et fêtant son 50e anniversaire – s’autoproclame volontiers “plus grand théâtre du monde” (avec pour cette édition jubilaire plus de 1400 spectacles rassemblés dans un vertigineux catalogue), force est de constater la complémentarité des deux pôles. Outrepassant de six jours la durée du In, le Off voit ainsi la foule s’étioler dans les rues où, pour un peu, ne resteraient “que les tracteurs” : ces artistes faisant leur promotion à coup de tracts.

Ils ont joué pratiquement sans relâche, pendant trois longues et chaudes semaines, tout en devant défendre leur travail face à celui d’un millier d’autres compagnies. Françaises surtout mais aussi, entre autres, tunisienne (1), australiennes (4), coréennes (8), finlandaises (3)… et belges (43, plus forte présence étrangère, grâce aux Doms mais aussi à la Manufacture notamment).
L'œil ouvert, l’oreille tendue
Dans cette abondance, les portes d’entrées sont aléatoires et multiples. Le catalogue répertorie compagnies et spectacles selon le genre, la provenance, l’auteur… Quant aux réseaux sociaux, ils ont amplifié l’indétrônable effet bouche-à-oreille.
En toute fin de festival, alors que les acteurs puisent dans leurs dernières ressources l’énergie du jeu, pour le public, la chasse aux coups de cœur reste ouverte, l’œil ouvert, l’oreille tendue.
Ainsi se retrouve-t-on, aux Hauts Plateaux, devant “Je suis contre la mort” du Théâtre du Menteur. L’auteur, metteur en scène et acteur François Chaffin, avec trois complices dont deux musiciens, s’est attelé à construire un concert de mots sur le thème de la vitalité. “Combien d’appels au calme pour une parole inflammable ?” Dans un hall d’aéroport – lieu de la béance mais aussi empli d’images mentales –, quatre hommes trompent l’attente en jouant à qui nommera la plus improbable phobie.

La peur – dont Lisbeth Gruwez répertoriait les réflexes physiques – se décline ici dans un oratorio électrique qui parfois s’écoute un peu parler, tout en assumant joliment les formules potaches et le lyrisme slam. Et qui pourtant ose porter un verbe libre au-devant des discours dominants, aliénants, à l’assaut du sentiment d’impuissance qui ronge le quotidien.
Festival d’Avignon Off, jusqu’au 30 juillet. Infos : www.avignonleoff.com