Bruxelles, capitale de la performance pendant dix jours
- Publié le 16-03-2017 à 15h24
- Mis à jour le 16-03-2017 à 15h25
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La biennale Performatik brouille les catégories et propose plein d’aventures artistiques.
Tous les deux ans, la performance est au cœur du festival Performatik à Bruxelles, organisé par le Kaaitheater avec de nombreux partenaires bruxellois. « Avec un public jeune et plutôt francophone », fait remarquer Katleen Van Langendonck qui le programme depuis dix ans. Cette année, le festival se déroulera pendant dix jours, du 24 mars au 1er avril, avec 40 artistes, 14 partenaires, dans 17 lieux différents de Bruxelles.
La performance revient en force partout dans le monde, qui mêle les arts vivants (le corps, le théâtre, la danse), les arts plastiques, la musique, la présence forte du public. Hasard du calendrier : au moment où Performatik a lieu, la Tate Modern a son propre festival de performances pendant dix jours et le MoMA présente « Arbeid/Travail/Work », l’expo dansée d’Anne Teresa De Keersmaeker.
La performance avait connu son heure de gloire dans les années 60 et 70, surtout créée par des femmes. « Il y avait alors de fortes revendications féministes passant par le corps, mais c’était aussi un espace disponible pour que les femmes puissent investir le champ de l’art, car la peinture ou la sculpture étaient monopolisées par les hommes. »
Il en reste quelque chose quand on remarque que tous les spectacles à l’ouverture du festival sont créés par des femmes. « Aujourd’hui, la performance revient en force sous la poussée d’abord des centres d’art et musées qui veulent élargir leur public et créer une autre expérience de l’art avec la présence des corps. La Tate Modern ambitionne ainsi de devenir une agora.»
Sculptures sociales
On retrouve pour cette édition des constantes comme l’invitation à un plasticien d’occuper la scène du Kaai : après Joëlle Tuerlinckx, Ulla von Brandenburg et Dominique Gonzales-Foerster les éditions précédentes, c’est cette fois Grace Schwind (représentée par Zeno X) qui fera deux performances « Opera and Steel » au Kaai.
Mais Performatik veut aussi « échapper aux modes et rester ouvert ». Par exemple, en sortant des lieux d’art, avec le projet de Meg Stuart, Jozef Wouters et Jeroen Peeters de « créer les espaces artistiques du futur », au Décoratelier à Molenbeek. Et en concevant des projets dans l’espace public comme celui du duo Alioum Moussa et Maarten Vanden Eynde qui seront tous les jours de 10 à 17 h dans une caravane place de la Monnaie pour recevoir des duos de visiteurs et discuter avec eux des notions de « dépendance » et « indépendance ». Chacun ressort avec un tee-shirt marqué « in », ou « dépendance ».
Lotte van den Berg et Daan ‘t Sas, organisent eux, des conversations de groupe à la rue marché aux porcs avec de marches en commun. Ant Hampton et Tim Etchells proposent de venir au « Muntpunt » sur la place de la Monnaie pour réfléchir et rêver à la littérature et la poésie. Etc.
Dans cet ample programme qui privilégie l’aventure artistique, la surprise, le risque, il y a des choses plus pointues ou au contraire très accessibles, la langue varie d’un cas à l’autre, comme la nécessité ou non de réserver. Il vaut donc mieux se renseigner et réserver via le site du Kaaitheater.
Parmi les moments les plus « accessibles », les performances de la plasticienne Orla Bary. Avec deux performeurs, cette artiste qui a quitté Bruxelles pour s’occuper de moutons en Irlande propose une performance autour de la laine et du lien à la nature. Philippe Quesne recréera en musique et avec des cow boys, l’atelier du peintre Caspar David Friedrich.

BREAKING RAINBOWS d'Orla Barry(Crédits: Orla Barry)
Pour l’ouverture de la grande expo Yves Klein au Bozar (Klein fut un père fondateur de la performance !), Miet Warlop propose à Bozar avec quatre performeurs, une performance avec « femme, cheval, carotte, guitare » et Pieter Van den Bosch fera exploser les couleurs dans le hall Horta (il faudra sans doute porter des tabliers !).
Une autre grande figure précurseur de la performance, la danseuse Loïe Fuller est à l’honneur dans deux performances.
La Villa Empain participe au festival avec le chorégraphe DD Dorvillier et la Centrale propose une performance musicale de Charlemagne Palestine.
Ce seront dix jours pour découvrir cet art fragile, éphémère, fait de « sculptures sociales » comme disait Josef Beuys et de peintures dansées.
Performatik 17, du 24 mars au 1er avril. Rens. et réserv. : www.performatik.be