Slayers, quand le hip-hop quitte la rue pour la scène
Publié le 13-09-2017 à 10h12
La compagnie de hip-hop Slayers présente ce week-end son premier spectacle. Sur la scène de la Maison de la Création à Laeken, trois ombres se dessinent dans la pénombre. Un rai de lumière d’un bleu froid se pose sur la silhouette du milieu. Des notes de piano résonnent sur un fond sonore très doux, peu à peu troublé par des "bip" de différentes intensités. Ayrton, jeune danseur de hip-hop, entame un solo par des mouvements saccadés tel un automate puis attire à lui Milo et Atlan. Nous sommes dans un laboratoire spécialisé dans la génétique et la cybernétique, où ont été créés trois cyborgs, ces créatures mi-hommes mi-machines. Une prison de verre dont ils vont s’échapper…
L’homme et/ou les robots ?
Pour son premier spectacle, "Cyborgs’Quest", la jeune compagnie de hip-hop Slayers, produite par l’ASBL Impulsion Dance, a choisi de s’attaquer à un sujet d’actualité - la place des machines, de la technologie dans notre société - "qui nous concerne tous", souligne Yannick Bras, 32 ans, chorégraphe de la compagnie Slayers et directeur de l’école Impulsion. "Notre génération voit la fin du modèle tel qu’ont pu le connaître nos parents et nos grands-parents. Il y a une sorte de crise un peu existentielle, observe Yannick, qui se mélange à ça : ‘Nous sommes là, mais les robots font tout mieux que nous. Par quoi va-t-on parvenir à faire la différence ? Quel sera notre métier demain ?’ C’est une évolution positive, mais il y a une réflexion qui en découle."
Pour nourrir cette réflexion et la conception de leur spectacle, Yannick et la compagnie Slayers ont entamé un long travail de recherche (au travers du cinéma, de la danse, de la musique, des mangas…) et de création il y a quatre ans. "Au départ, nous étions principalement des danseurs de ‘battle’(NdlR : compétitions où se défient des danseurs en solo ou en équipe), raconte Milo. Nous avions donc une vision très compétitive et instinctive de la danse hip-hop. Mais peu à peu, nous avons voulu aller plus loin, en nous orientant vers la création en montant un spectacle."
"Nous avons tout fait par nous-mêmes"
Pour ces jeunes danseurs amateurs, faire sortir le hip-hop de la rue pour le mettre sur scène dans un spectacle de 50 minutes s’apparente à un grand saut dans l’inconnu. Mais ils rencontrent Yannick, dont l’école de danse développe, notamment, des shows et animations. "Pendant deux ans, j’ai formé les Slayers au niveau de l’approche conceptuelle, de la critique artistique, des aspects plus techniques en danse… explique Yannick. Puis, pendant deux ans, deux ans et demi, on a travaillé sur la création du spectacle (mise en scène, écriture…)."
Un processus "long et lent" parce que "n’étant pas des professionnels, nous faisons cela à côté de nos activités respectives" et que "nous étions inexpérimentés". Quatre ans plus tard, "nous avons mûri, se félicite Yannick, mais nous aurions rêvé que des structures et des organismes nous aident, car nous avons dû tout faire par nous-mêmes".
A quelques heures de la première, Milo prend un peu de recul : "Il y a quatre ans, nous avions la volonté de faire ce spectacle et aujourd’hui, malgré les obstacles, le voilà devenu réalité."
"Cyborgs’Quest", les 16/9 à 20 h et 17/9 à 17 h à la Maison de la Création, place Emile Bockstael à 1020 Bruxelles. Retrouvez toutes les autres dates et infos sur www.impulsion-dance.be