«Zeitigung» ou tout le bonheur de danser

Pur moment de joie et d’énergie avec la nouvelle création d’Anne Teresa De Keersmaeker, qui s'est associée ici au jeune chorégraphe et danseur Louis Nam Le Van Ho .

Guy Duplat
« Zeitigung » ou tout le bonheur de danser
©Anne Van Aerschot

Pur moment de joie et d’énergie avec la nouvelle création d’Anne Teresa De Keersmaeker, qui s'est associée ici au jeune chorégraphe et danseur Louis Nam Le Van Ho. Critique.

Zeitigung", le nouveau spectacle d’Anne Teresa De Keersmeker, est un joyeux coup de tonnerre, un long éclair d’énergie et de bonheur. Un temps suspendu qui vous éveille à la magie et la tendresse du monde.

Cela tient d’abord à cette "bande" de huit jeunes danseurs d’un talent fou, la plupart sortis il y a peu de Parts, l’école d’ATDK. Avec aussi José Paulo dos Santos, Bilal El Had et Thomas Vantuycom qu’on a déjà vus dans les dernières pièces de la chorégraphe.

Leur jeunesse et leur envie de danser sont contagieuses, comme la complicité qu’ils partagent et que marque l’intervention du jeune chorégraphe et danseur Louis Nam Le Van Ho, 22 ans, invité par Anne Teresa De Keersmaeker à apporter ses propres réponses aux défis du spectacle et de la musique.

Dans les moments qu’il a chorégraphiés, les danseurs se frôlent, forment des duos d’une tendresse pudique, se font des signes d’amitié (se glisser un mot à l’oreille, se toucher l’épaule, confier à l’autre sa veste). Pendant ce temps, avec un tee-shirt jaune vif, il se tient, tout menu, au bord de scène. Tout en développant sa propre gestuelle, il se glisse sans anicroche dans l’art rigoureux d’ATDK.

Plus qu’une reprise

"Zeitigung" est plus qu’une reprise de "Zeitung" créé il y a dix ans. Certes, on retrouve les bases du spectacle comme l’apport du pianiste Alain Franco jouant sur scène Bach (merveilleux !), Webern, Schönberg. Si on retrouve aussi les motifs de "Zeitung", pour le reste tout a changé. Tous les danseurs, cette fois, sont des hommes ajoutant à cet effet de "bande" de jeunes. Et la musique ose à présent le romantisme de Brahms.

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©Anne Van Aerschot

Au début, chaque danseur vient tour à tour, comme dans une audition, montrer ses improvisations. Puis tout démarre avec un duo magnifique où les danseurs volent, virevoltent, avec une simultanéité millimétrique.

Cela ne cessera ensuite de danser, bouger, des groupes surgissant tour à tour, se mêlant ou déliant les formes. Passant du chaos à la douceur, de l’épure au trop-plein.

Innovation et pérennisation

En confiant à un tout jeune chorégraphe le soin d’ajouter un contrepoint à sa chorégraphie, Anne Teresa De Keersmaeker innove encore dans la pérennisation de son répertoire.

Elle avait déjà réussi la réécriture complète de "Verklärte Nacht" et de "A Love Supreme" comme avec sa chorégraphie sur les suites pour violoncelle de Bach. Elle mêle dans ses dernières créations d’une part l’apport de son travail depuis dix ans sur les fondements de la danse, un travail de minimalisme plein de sensualité retenue, et d’autre part une danse à nouveau plus expressive et physique. Mariage réussi.

  • Bruxelles, Kaaitheater, jusqu’au 18 novembre. Infos & rés. : 02.201.59.59, www.kaaitheater.be ou www.rosas.be
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