"Final Cut", de rage et de tendresse
Myriam Saduis ouvre le festival Mouvements d’identité, à l’Océan Nord.
Publié le 20-11-2018 à 13h41 - Mis à jour le 20-11-2018 à 14h00
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Myriam Saduis ouvre le festival Mouvements d’identité, à l’Océan Nord. "Je suis née en France, en 1961. Et je n’ai découvert qu’à 40 ans dans quelles circonstances ma naissance a eu lieu." Myriam Saduis ouvre avec sa propre histoire - et la complicité d’Isabelle Pousseur à la mise en scène, et celle de Pierre Verplancken sur le plateau - le festival Mouvements d’identité qui court, en trois parties et au féminin, jusqu’au 9 décembre au Théâtre Océan Nord.
Final Cut est l’histoire d’une enquête menée dès qu’elle apprend à lire par une fillette à qui très tôt fut affirmé qu’elle n’avait pas de père. Par une femme qui s’est construite malgré et avec cette absence. L’histoire d’une vie intimement liée à l’Histoire. Une mère française, un père tunisien, l’amour fou en dépit des convenances et au milieu des événements qui secouent la Tunisie et l’Algérie voisine en marche vers l’indépendance. Et puis la rupture brutale, la déchirure.
Porter la voix, trouver sa place
Son travail théâtral passait jusque-là à travers des auteurs (Bergman pour Affaire d’âme , Tchekhov avec La Nostalgie de l’avenir , très belle relecture de La Mouette , ou encore Hannah Arendt dans Amor Mundi ), voix et verbe toujours retravaillés avec un mélange de finesse et d’ampleur. C’est ici sa propre voix, son propre récit que porte Myriam Saduis. Entre autobiographie et psychanalyse (dont elle a une connaissance de praticienne), Final Cut se présente à la fois comme une réflexion englobant les remous du XXe siècle, les questions de la construction identitaire, du métissage et de la décolonisation, et comme un thriller plein de rebondissements. Où l’on croise la folie, la fragilité, la quête de soi, l’adolescence rebelle, les Parapluies de Cherbourg et Barbara, Racine et Marguerite Duras. Et La Mouette, dans un salut aussi brillant que subtil au théâtre, lieu des énigmes et des résolutions, de la révolte et de la tendresse.
Une table à tiroirs contient le peu d’accessoires dont s’entoure Myriam Saduis - presque cabotine par moments, terriblement touchante cependant, sous les éclairages ciselés de Nicolas Marty.
- Bruxelles, Océan Nord, jusqu’au 23 novembre et du 7 au 9 décembre. Dans le cadre du festival Mouvements d’identité. Infos & rés. : 02.216.75.55, www.oceannord.org