Opinion public confronte la fragilité humaine au désir d’éternité
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/773f294d-56c4-4d07-acee-8ef7063dead9.png)
- Publié le 03-12-2018 à 21h34
- Mis à jour le 04-12-2018 à 06h46
La compagnie de danse continue de sonder notre société avec "Aeterna".Une ampoule allumée descend du plafond. Seul point de lumière en suspension à l’avant de la scène, elle laisse deviner dans l’ombre cinq silhouettes, couchées à l’autre extrémité du plateau. Attiré par la lumière, chaque corps se déploie tour à tour, sur le sol, dans des mouvements tantôt souples tantôt contractés, pour s’approcher de l’ampoule convoitée…
C’est en primeur que les cinq danseurs de la compagnie Opinion public ont livré à La Libre le premier quart d’heure de leur nouvelle chorégraphie Aeterna, à découvrir dès ce mardi au Marni. Voici huit ans, depuis sa création à Bruxelles en 2010, que la jeune compagnie explore, analyse, sonde, scrute, décortique, dénonce, critique notre société contemporaine au travers de thèmes aussi variés que les mass médias et la manipulation de l’opinion publique (Opinion public, 2010), l’individualisme et l’intolérance (Apart/heid, 2011), l’obsolescence programmée (Obsolescence, 2012), la domination technologique (Post Anima, 2014) ou encore les jeux vidéo (Arcadia, 2017). Pour leur nouveau spectacle, Aeterna, Étienne Béchard, danseur et chorégraphe principal, et ses quatre danseurs (Johann Clapson, Sidonie Fossé, Victor Launay et Elena Valls Garcia) se sont intéressés à l’obsolescence humaine en opposition à l’éternité.
Si Opinion public construit ses spectacles avec comme matériau de base des thématiques éminemment actuelles, Étienne Béchard se défend toutefois d’appartenir à un style chorégraphique qui l’enfermerait soit dans la case danse contemporaine soit dans la case danse néoclassique. "Notre style est assez varié, définit-il. Nous utilisons tout ce que nous avons appris et tout ce que nous apprenons encore chaque jour. Autant il y a beaucoup de travail au sol, qui pourrait être qualifié de ‘contemporain’, autant nous avons tous une formation en danse classique." Il poursuit : "Aujourd’hui, il y a clairement une tendance à vouloir catégoriser les artistes. Or, nous, nous voulons rester libres dans ce que nous faisons."
De la danse, avant tout
S’il est une certitude toutefois concernant le travail d’Opinion public, c’est qu’il s’agit, avant tout, de danse et de spectacles dansés. "Nous sommes des danseurs, c’est notre moyen d’expression. Nous ne pourrions pas faire autrement", sourit Étienne Béchard. C’est que les quatre fondateurs de la compagnie - Étienne Béchard, Johann Clapson, Sidonie Fossé et Victor Launay - ont tous été formés à l’école-atelier Rudra Béjart puis au Béjart Ballet Lausanne en Suisse au milieu des années 2000. "Nous sommes la dernière génération à avoir travaillé avec Maurice Béjart avant sa mort (2007)." En 2010, le jeune danseur épris de liberté créatrice pose "par hasard" ses valises à Bruxelles pour y créer sa troupe et un premier spectacle, et, "aujourd’hui, ça fait huit ans qu’on est là". Avec un seul regret : "Il manque à Bruxelles une grande compagnie avec un répertoire varié qui peut danser du néoclassique comme des pièces contemporaines, à l’image de la Nederlands Dans Theater aux Pays-Bas ou Les Grands Ballets canadiens. J’aimerais avoir une troupe de ce calibre-là."
Bruxelles, Théâtre Marni, du 4 au 8/12. Infos et rés. : 02.639.09.82. - www.theatremarni.com. Puis au centre culturel de Comines, le 26/3/2019.