"Sisters" : quand trois femmes se lâchent sur leur religion
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- Publié le 24-01-2019 à 09h41
- Mis à jour le 24-01-2019 à 09h42
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Myriam Leroy, Albert Maizel et Mehdi Bayad libèrent la parole de trois femmes sur leur croyance. Au TTO.Lorsqu’Albert Maizel, auteur, président et co-fondateur du Théâtre de la Toison d’Or (TTO) lui soumet son idée de joindre leurs plumes pour écrire une pièce sur les trois grandes religions monothéistes vues par trois femmes, Myriam Leroy - à qui l’on doit Cherche l’amour , créée au TTO en 2016 -, n’hésite pas une seconde. "J’ai tout de suite vu qu’il y avait moyen de bien s’amuser avec ce sujet, se souvient la journaliste, chroniqueuse, romancière et dramaturge. Il y avait un défi là-derrière. Je me demandais aussi ce que les autres allaient faire. Donc, j’avais envie d’en être."
Une pièce à six mains - Myriam Leroy, Albert Maizel et Mehdi Bayad (auteur de la série de fiction radiophonique Nuit Blanche et attaché de presse du TTO) - sur un sujet sensible - les religions catholique, juive et musulmane - abordé sous l’angle féminin, le défi était, en effet, de taille. Voire "un peu casse-gueule", reconnaissent Albert Maizel et Mehdi Bayad. "Si [la pièce] n’était pas casse-gueule ou risquée, ce serait très ronronnant", commente pour sa part Myriam Leroy. "En même temps, ajoute-t-elle, on connaît les garde-fous de ce genre de sujet ; ça reste relativement contrôlé. Mais on a quand même essayé de mordre sur la ligne, de ne pas être trop consensuels et de dire deux-trois trucs qui risquent de ne pas toujours faire plaisir, tout en proposant quelque chose de galvanisant, de réunificateur." Dans le respect de la ligne éditoriale du Little TTO, la petite salle du TTO créée dans l’esprit du café-théâtre, Sisters se décline ainsi sur "un ton léger" sans pour autant avoir vocation à "faire rire à chaque ligne", précise Albert Maizel.
Autodérision vs stéréotypes
"C’est par le biais de l’humour que l’on peut traiter ce genre de sujet délicat, défend Mehdi Bayad. L’autodérision permet d’insister sur les stéréotypes pour mieux les déconstruire." Pourquoi cette volonté de mettre le curseur sur les femmes ? "Les monothéismes sont des patriarcats, relève Albert Maizel. On voulait donc donner toute la place aux femmes." Et Mehdi Bayad d’enchaîner : "Dans l’esprit de beaucoup de gens, il y a, par rapport aux femmes dans la religion, l’idée de la passivité, qu’elles subissent [la religion], que c’est oppressant, etc. Or, nous avons voulu montrer trois femmes qui, en tant qu’individus, ne sont pas du tout passives : leur personnalité s’exprime en dehors du carcan de la religion." "C’est le refus de l’essentialisation, insiste Albert Maizel, parce que l’essentialisation est la matrice du racisme." Pour Myriam Leroy, parler de la religion par le prisme du féminin était "une évidence". "Les religions ont toujours un avis sur les femmes, mais l’avis des femmes sur la religion, on ne l’entend que très rarement, observe-t-elle. C’est donc une manière de renverser la perspective et de proposer autre chose."
Trois plumes pour trois comédiennes. Chacune avec son identité, ses origines et son bagage culturel. Qui se croisent et se questionnent. Albert Maizel, "juif mais non croyant", a écrit le personnage de Nathalie Uffner, son épouse, née de parents d’origine juive polonaise, tandis que Mehdi Bayad, athée, né d’un père marocain et d’une mère française, et fin connaisseur du monde arabe, s’est consacré à celui de June Owens, musulmane d’origine algérienne, et que Myriam Leroy s’est emparée du rôle d’Odile Mathieu, catholique, croyante. Le résultat ? Une pièce en quatre parties "souvent drôle" et un peu "ovni", décrit Myriam Leroy, mêlant stand-up, seul en scène et théâtre.
Bruxelles, Théâtre de la Toison d’Or, du 24 janvier au 2 mars. Infos et rés. ; 02.510.05.10 - www.ttotheatre.be