La fréquentation des activités culturelles régresse et demeure marquée par les inégalités sociales
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Publié le 26-06-2019 à 18h03 - Mis à jour le 26-06-2019 à 18h17
Depuis huit ans, l’Administration générale de la Culture (AGC) publie son rapport de l’année écoulée, intitulé Focus Culture, l’occasion pour elle de présenter “de manière transparente” la mise en œuvre de la politique culturelle en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). “Chaque exercice de rapport annuel est une sorte de bilan, mais aussi une prospective, précise André-Marie Poncelet, administrateur général de la Culture, car l’important est d’éclairer l’actualité et les réalisations pour améliorer nos actions dans l’avenir”.
Pour bien saisir l’ampleur de ces “réalisations”, rappelons tout d’abord quelques données budgétaires. En 2018, le budget général de la FWB s’élevait à 10,8 milliards d’euros. L’Enseignement représente 74 % de cette enveloppe (8 milliards) et la Culture, 6 % (668 millions alloués à l’Administration générale de la Culture). Entre 2011 et 2018, le budget du périmètre de la Culture (le buget de l’AGC ainsi que d’autres matières culturelles gérées par le Secrétariat général et l’Administration générale de l’Enseignement) a augmenté d’un peu plus de 100 millions d’euros (+ 21 %).
Pourtant, alors que les budgets alloués à la Culture sont en hausse, la fréquentation des institutions culturelles est, elle, en recul. L’édition du Focus 2018 reprend les premiers résultats d’une nouvelle enquête de l’Observatoire des politiques culturelles sur les pratiques et consommations culturelles réalisées en 2017 auprès des habitants de la FWB – la précédente étude de ce type ayant été menée en 2007.
Cinéma et concerts, premiers loisirs
Qu’apprend-on ? Dans la catégorie “arts vivants” (théâtre, festival, concerts, danse, opéra, cirque,…), 32 % des répondants ont assisté à un concert pop, folk, rock, jazz au cours des douze derniers mois. Une tendance stable par rapport à 2007 (32 %). En revanche, là où en 2007, le festival (34 %) et le théâtre (34 %) étaient les deux pratiques culturelles les plus plébiscitées par les Wallons et Bruxellois, elles régressent aux 2e (30 %) et 3e (29 %) places en 2017. Quand aux spectacles d’humoriste, ils enregistrent le plus fort déclin auprès du public : - 10 % (29 à 19 %). Plus globalement, en dix ans, seule la fréquentation des spectacles de danse a légèrement augmenté de 18 à 20 %.
D’un point de vue sociologique, Focus 2018 pointe également que 88 % des personnes diplômées au maximum du primaire ne sont jamais allées au théâtre.
Dans la catégorie “arts visuels” (cinéma, exposition d’art, de peinture,…, musée, monument historique,…), même s’il régresse, le cinéma demeure le loisir culturel qui attire le plus large public (de 69 à 61 %). S’en suivent les activités liées à une exposition d’art, de peinture, etc. avec 39 % ; la visite d’un monument historique (38 %) et la visite d’un musée (38 %).
Ces premières tendances montrent également que, outre le fait que “la pratique des activités investiguées diminue avec l’âge” – par exemple, 89 % des 16-24 ans ont été au cinéma au cours des douze derniers mois, contre 80 % des 25-34 ans et 72 % des 35-44 ans –, “les pratiques et consommations culturelles extérieures demeurent marquées par les conditions sociales des individus”.
Si la fréquentation des institutions culturelles recule, il faut toutefois davantage y voir “un changement des comportements”, estime André-Marie Poncelet, notamment en regard de la consommation numérique.
Tax shelter : 317 projets agréés
Enfin, ce Focus 2018 dresse un premier état des lieux des chiffres du tax shelter en arts de la scène. Soit ce dispositif qui permet à des sociétés privées d’investir dans la création artistique en contrepartie de déductions fiscales sur leurs impôts. Depuis la mise en œuvre du tax shelter en 2017, 317 projets (dont 184 projets de théâtre) ont été agréés par la FWB (contre 127 en 2017 et 190 en 2018) pour 17,5 millions de fonds levés.