“Régis” : “Mais stop ! Cassez-vous de chez moi !”
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Publié le 18-10-2019 à 15h11 - Mis à jour le 18-10-2019 à 15h13
Imaginez. Vous êtes seul(e), tranquille, un soir de novembre, dans votre petit appartement du 4e étage, en train de jouer à un jeu vidéo. Quand soudain, on sonne à la porte : onze amis que vous ne connaissez absolument pas s’invitent chez vous, bières et chips sous le bras. – “Vous êtes là pourquoi ?” –“Pour toi ! On voudrait juste passer un moment chez toi.” Et là, vous leur ouvrez, sans trop savoir dans quoi vous vous embarquez… Cette “aventure” insolite, c’est celle qu’a vécue Régis, jeune Bruxellois. Mais Régis, c’est surtout cet inconnu chez qui le Canine collectif (1), une bande de onze comédiens – et amis – a décidé de se pointer à l’improviste pour mener une expérience inédite, filmée et enregistrée, matériau brut pour écrire une pièce… : Régis.
Sur la scène des Riches-Claires, une armature cubique dessine les contours d’un petit appartement. Les comédiens arrivent et viennent y ajouter des éléments de décor : un fauteuil, une table, des bouquins, etc. Régis (interprété par Camille Voglaire) s’installe. Côté cour, les membres du collectif préparent leur venue : comment amorcer leur arrivée ?, comment se présenter à Régis ?, va-t-il leur ouvrir la porte ?,… Si l’expérience va trop loin ou tourne mal, “on se gratte le nez”, s’accordent-ils.
Sur le fond de la structure cubique sont projetées les images filmées lors de leur expédition : “Et c’est parti ! Est-ce que tout le monde a bien son sac de couchage ?” Retour sur scène : les voici fraîchement débarqués chez Régis. Et d’emblée, dans cet espace étroit, physiquement délimité – la scénographie fonctionne ici habilement –, le groupe s’impose, prend ses aises. Pris à témoin, le spectateur devient Régis et ressent rapidement cette oppression, cette désagréable sensation d’être dépossédé de la maîtrise des événements. “Vous êtes qui, quoi ?”, interroge, perdu, Régis.
Entre réalité et fiction
À mesure que passe la soirée, la tension monte, le collectif émaillant son récit de faits de plus en plus intrusifs et dominateurs. Jusqu’au moment où Régis demande : “Vous comptez partir quand ? Juste pour que je m’organise”. Et c’est là que tout bascule : “On voudrait te proposer qu’on vienne vivre chez toi…” Point de rupture pour Régis : le groupe a mis la main sur sa vie.
Si l’on comprend que la réalité de l’expérience verse à cet instant dans la fiction, le Canine collectif instille une tension de plus en plus dérangeante au point d’en devenir inquiétante voire carrément effrayante. Effet garanti ! À bout, plus seul que jamais face à ce groupe soudé qui, paradoxe, voulait le sortir de sa solitude, Régis explose : “Allez, tout le monde prend ses affaires et se casse !” Mais parviendra-t-il à les déloger de chez lui ?….
(1) Violette De Leu, Louise Jacob, Leone François, Colin Javaux, Colline Libon, David Nobrega, Mélissa Roussaux, Caroline Taillet, Benjamin Torrini, Camille Voglaire et Émilien Vekemans
Bruxelles, Les Riches-Claires, jusqu’au 25 octobre. Infos et rés. au 02.548.25.80 ou sur www.lesrichesclaires.be