"Dimanche", une création sur le climat à voir d'urgence
Publié le 14-11-2019 à 11h04 - Mis à jour le 14-11-2019 à 11h05
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Visuel, total, tendre et réaliste, une création, sur le climat, à voir… d’urgence. Dimanche… Ce jour d’ennui, de chaleur ou de mensonge. Ce jour choisi par les compagnies Focus et Chaliwaté, unies pour une création, dont la version courte, Back-Up, vient d’obtenir l’Award du théâtre total au Fringe, prestigieux festival d’Edimbourg. Une reconnaissance inouïe pour deux "petites" compagnies belges, qui leur assure une tournée internationale, de New York à l’Australie, en passant par leur terre natale, la Belgique (voir La Libre du 8/11/19).
C’est dire si l’attente était grande, mardi soir, au Théâtre royal de Namur, pour la création de Dimanche , et si le résultat fut à la hauteur des espérances même si, première oblige, la machine doit encore être un peu huilée. Il est vrai que le collectif, composé de Julie Tenret (Focus), Sicaire Durieux et Sandrine Heyraud (Chaliwaté), réunis à l’écriture, à la mise en scène et à l’interprétation, a multiplié les audaces et décuplé d’inventivité pour une création habitée par la magie du cinéma - avec ses gros plans, travellings et autres zooms - mêlée au charme de l’artisanat, à la puissance évocatrice des objets et marionnettes, qui parfois vivent plus que les humains.
Du théâtre d’objet, donc, sans parole, visuel, sonore et universel, tant par la forme élue que par le fond défendu. Le fond, celui que touche notre humanité, à force de faire semblant, de persister, coûte que coûte, à vivre sur terre, caillou de l’univers qui s’érode à vue d’œil.
Tendre et angoissant
Tendre et drôle, mais aussi réaliste et angoissant, Dimanche s’écoute autant qu’il se regarde, grâce à une bande sonore remarquable, personnage à part entière, qui, entre la Callas et Simon and Garfunkel, chuchote à nos oreilles l’appel de la planète, du désert aux fonds marins en passant par les glaciers.
Avec, pour point de départ, des reporters, un peu bras cassés, qui tournent un documentaire sur les espèces animales en voie de disparition.
Serrés dans leur camionnette, ils activent leurs essuie-glaces, pendant que l’arbre magique se balance au rétroviseur. Arrivé en Arctique, le trio filme, tant bien que mal - perche devant l’objectif, caméra défaillante - la banquise qui craquelle et nous déchire. Grandeur nature, une ourse polaire et son petiot se blottissent l’un contre l’autre, sur une surface de glace qui se rétrécit au point de menacer la vie de la maman. Âmes sensibles, s’abstenir…
Commentée en yaourt bulgare, la scène est diffusée à la télévision dans cet intérieur coquet où tout semble normal, malgré les défaillances qui apparaissent au fil des dimanches et des reportages.
Les ventilateurs tournent à plein régime, comme les pales de l’hélicoptère-jouet chargé d’hélitreuiller les reporters. La chaleur devient insoutenable. La grand-mère, animée avec humanité par Julie Tenret, n’y résiste pas. Pas plus que le Flamand rose qui vient s’écraser sur la fenêtre. La maison s’éventre aux vents déchaînés, qui n’empêchent pas le couple - les toujours aussi charismatiques Sandrine Heyraud et Sicaire Durieux -, de fêter Noël autour d’une volaille pour une scène ébouriffante, sonnant le climax d’une pièce sur le climat, à voir d’urgence.
Namur, jusqu’au 15/11 au Théâtre royal. Infos : www.theatredenamur.be ou 081 22 60 26. Bruxelles, du 19 au 30/11, aux Tanneurs. Infos : www.tanneurs.be ou 02 512 17 84.