“Totus Cordus”, une ode vibrante aux instruments à cordes

Claude Vonin transmet avec humour et virtuosité son amour de la musique classique.

Chevelure ébouriffée, tablier blanc, cravate sombre et pantalon trop court, le Pr Théodore Cordus est là pour présenter au public “une conférence” sur l’histoire de l’évolution des instruments de musique à cordes frottées. Vaste sujet ! Qui pourrait d’emblée s’avérer théorique et rébarbatif.

Mais que nenni ! Sous ses allures de scientifique un peu foldingue, Claude Vonin, violoniste hors pair et comédien de talent, saute à pieds joints dans l’Histoire, embarquant son assistance aux origines de la vie : l’amour – aimer et être aimé. Pas encore né, le bébé entend déjà les pulsations du cœur de sa mère. Et lorsqu’il pleure ou babille, il utilise ses cordes vocales, “le premier instrument de musique et peut-être le plus beau”, s’émerveille le Pr Cordus.

Car ce qui, dès les premières minutes du spectacle, touche et émeut, c’est cette passion, cet amour pur et sincère pour la musique classique que transmet Claude Vonin. Fil rouge du récit, le Pr Cordus emmène les spectateurs dans un passionnant voyage à travers le temps et l’organologie, chapitré par la rencontre de personnages emblématiques de chaque moment phare dans l’évolution des instruments à cordes.

Drôle, poétique et instructif

Nous voici en plein Paléolithique. L’homme des cavernes découvre le boyau musical (instrument que Claude Vonin a recréé de ses mains). Puis, direction l’Inde et son ravanastron, considéré comme l’ancêtre le plus primitif du violon. Des siècles plus tard, c’est en Chine qu’est inventé le erhu, avec ses deux cordes. À chaque étape, Claude Vonin mobilise les sens du public : la vue, par un subtil jeu d’éclairages, des danses, des mimiques (mention spéciale pour son interprétation drôlissime de Jean-Baptiste Lully !) et divers accessoires (un tarbouche, une veste du XVIIe,…); l’odorat, en proposant au public d’imaginer le parfum des fleurs d’oranger ou les effluves de méchoui ; et l’ouïe lorsqu’il imite divers accents et joue l’instrument évoqué.

Des confins de la Mésopotamie à la Chine, en passant par Cordoue, la France et l’Italie, Claude Vonin traverse les siècles et les continents au son de six instruments à cordes (en y ajoutant sa voix et son violon – violon dont la forme actuelle date de 1520 !). Drôle, poétique, instructif, virtuose, Totus cordus est une ode vibrante à la musique classique, et en particulier au violon, signée et interprétée par un artiste généreux. C’est sûr, après un tel spectacle, que Claude Vonin clôt magistralement en jouant du Jean-Sébastien Bach à la seule lueur d’une bougie, on n’a qu’une seule envie : venir le réécouter et (re)découvrir les trésors de la musique classique.

Bruxelles, Les Riches-Claires, jusqu’au 31 décembre. Infos et rés. au 02.548.25.80 ou sur www.lesrichesclaires.be


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