Remonter sur scène au plus vite mais où? L’idée de Paul Dujardin
Le directeur de Bozar propose d’ouvrir sa grande salle aux artistes « sans-abri ». Une mutualisation nécessaire.
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Publié le 08-05-2020 à 13h32 - Mis à jour le 12-05-2020 à 09h00
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Le directeur de Bozar propose d’ouvrir sa grande salle aux artistes « sans-abri ». Une mutualisation nécessaire.
Quand et où rejouer? Aux Pays-Bas, on pourra rejouer dans les théâtres à partir du 1er juin devant 30 spectateurs seulement et à partir du 1er juillet, devant 100 spectateurs. Ivo Van Hove en profitera qui créera dès le 1er juin devant 30 spectateurs, le monologue Qui a tué mon père? d'après le livre d'Edouard Louis.
Le monde du théâtre et de la danse désire reprendre mais s’interroge, dans quelles conditions : distanciation sociale, sans doute port du masque, etc. Qu’est-ce que cela signifiera encore pour le théâtre ? Un calendrier de déconfinement existe de reprise des répétitions mais il reste suspendu aux avis des experts.
Se pose déjà la question des salles où jouer dans les mois prochains et des espaces en plein air à trouver si les salles restent interdites. Dans une carte blanche sur le site lalibre.be, Paul Dujardin lance une idée : que les grandes maisons de la culture qui disposent de très grandes salles (Bozar a une salle de 2000 places) les partagent avec des collègues qui ne seront pas autorisés à monter des spectacles dans leurs salles trop petites. Il est en effet plus facile d’organiser une représentation avec distanciation devant 300 à 500 spectateurs dans une salle de 2000 places.
Paul Dujardin en discute déjà, dit-il, avec la Monnaie et avec Rosas et évoque 60 soirées qui pourraient ainsi être libérés pour d’autres en guise de solidarité (sans profit).
Au Heysel?
Les réactions sont prudentes. Plusieurs ne veulent pas entrer ainsi dans l’idée qu’on puisse accepter de jouer longtemps devant des salles à trois-quarts vides, devant des individus séparés les uns des autres.
Fabrice Murgia, directeur du National qui dispose aussi d’une grande salle se dit certes « ouvert à toute discussion sur la mutualisation des outils, toujours bien utiles, surtout en temps de crise. » Mais il préfère développer une idée vers la ville de Bruxelles: « Pourquoi ne pas mobiliser les jauges comme le Palais 12 au Heysel pour créer de grandes zones culturelles et sécurisées ? On peut y mettre plusieurs gradins et plusieurs programmations... Ou des endroits en plein air partagés par les opérateurs, si l’accès en salle n’est simplement pas possible. » Il cite l’idée en Italie du Mouvement village pour les cinémas qui vise à réactiver, à partir de juillet, 200 structures de plein air où seront programmés, dans le respect des normes sanitaires, des films inédits.
Michaël Delaunoy (Rideau) a une salle plus petite: « Nous avons besoin de pouvoir envisager différentes pistes de résolution. Celle-ci en est une parmi d’autres. Il est primordial pour moi que nos pratiques artistiques continuent à prendre sens. Certaines ne prendront sens que face à 30 spectateurs dans des espaces particuliers, d’autres pourront peut-être s’inscrire dans cette proposition. Un public c’est un rassemblement d’individus, mais c’est aussi une communauté, certes temporaire. Par définition, le principe d’une communauté s’accommode très mal de la « distanciation sociale ». Mais certains opérateurs pour lesquels les recettes de billetterie sont primordiales ne pourront s’offrir le « luxe » de jouer pour 30 personnes. »