#StillStanding, saison 1, épisode 4: de bruit, de silence et de colère

Samedi 13 mars 2021: une année de confinements ciblés. Un anniversaire aux mille visages, entre fête et protestation.

#StillStanding, saison 1, épisode 4: de bruit, de silence et de colère
©M.Ba.

Des centaines d'actions, des milliers de personnes pour écouter, pour soutenir, pour agir. L'appel à manifestation, quatrième du nom, lancé par le mouvement #StillStanding à l'occasion de l'anniversaire du confinement, samedi 13 mars 2021, a à nouveau été suivi largement. Trois semaines seulement après le précédent, coïncidant, lui, avec la journée mondiale de la justice sociale, le 20 février.

#StillStanding justice sociale
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Et c'est bien de justice sociale qu'il est question quand des franges entières de la population sont privées de tout ou partie de leurs revenus, mais aussi du lien qui fait sens et saveur du quotidien. Encore et encore, les voix de #StillStanding s'élèvent pour dire le déséquilibre patent, l'invraisemblable asymétrie des mesures sanitaires qui, au fil des mois, n'autorisent plus de fonctionnement qu'économique, font des citoyens de purs producteurs et consommateurs.

La sortie de la semaine

"Avis de service : aller faire les courses est la seule sortie de la semaine." Élémentaire et désolant constat énoncé par Mai, dans son mégaphone. Coincée entre une botte de poireaux et un maxi-pack de papier toilette, dans un caddie de supermarché stationné devant la façade du Centre culturel Jacques Franck, la musicienne et performeuse profère les mots et les pensées laissées par le public. C'est La Criée. Aux alentours, les commerces sont ouverts, les clients circulent. La sortie de la semaine...

#StillStanding La Criée CCJF
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Les commerces oui, l'horeca non. Plusieurs cafés, fermés depuis des mois, ont mis samedi leur vitrine à la disposition d'artistes, à l'instar des surprises circassiennes proposées depuis plusieurs semaines par l'Espace Catastrophe avec Circus in the City.

La Brasserie de l'Union, au parvis de Saint-Gilles, est samedi le point de rendez-vous donné au public solidaire d'un secteur singulièrement oublié des plans de reprise: celui des travailleuses et travailleurs du sexe, représentés par l'association Utsopi (Union des Travailleu(r)ses du Sexe Organisées Pour l'Indépendance). En convergence avec la lutte, plus nécessaire que jamais, contre les violences faites aux LGBTQI+.

#StillStanding Utsopi LGBTQI+
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Tandis que le Monty, siège du Tof Théâtre, à Genappe, a choisi de prendre les atours d'un Bazar où se fournir en marionnettes et autres nourritures poétiques (et a vu son petit commerce recevoir la visite de la police locale), Solidarité Culture Liège a installé sa tribune à deux pas du Palais des Princes-Évêques. Sur fond des notes du Petit Bal perdu, des voix s'élèvent, des consciences veillent, des réseaux et des associations rappellent les urgences: envers les précaires du secteur culturel, les oubliés du statut d'artiste, envers aussi celles et ceux qu'usent et broient les emplois dits essentiels et souvent sous-payés, envers encore les sans voix, les sans domicile, les sans papier, les invisibles.

En suspens

Central, à La Louvière, organise des visites guidées de son "Musée du spectacle vivant": costumes exposés, guitariste en vitrine, comédiennes désœuvrées dans les loges... Forte du fait que lieux dédiés aux arts visuels sont les seuls du secteur culturel à avoir pu à nouveau accueillir du public, l'idée du musée a inspiré de nombreuses maisons participant à l'action du 13 mars. Alors que les Tanneurs ouvraient leur exposition "Une année de spectacles annulés", les Brigittines s'étaient muées, à 13h13 et pour 13 minutes, en musée vivant de leurs activités d'autrefois: une équipe entière, immobile, en suspens.

Dans les Marolles, la mobilisation va bon train. Pour la réouverture du vieux marché de la place du Jeu de balle ("Seconde main = première nécessité" ; "Plus de brols, moins de protocole"...), pour le rééquilibrage des mesures sanitaires en tenant compte de la population précaire.

#StillStanding Fuse
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Le monde de la nuit aussi arbore le deuil. Rue Blaes, la façade du fameux Fuse s'est muée en installation funéraire, avec fleurs et couronne. Et dans le silence d'un jour de printemps, un an après la sidération du premier confinement.

C'est aussi le silence qu'a choisi le groupe Fritüür. Aux abords du Brass comme au parc de Forest, les comédiennes chanteuses donnent une performance de "air chorale", un play-back en mode "mute" pour dire à la fois la sourde colère des secteurs "inentendus" et le sens de la fête, pas tout à fait éteint.

  • La plupart des structures participantes ont diffusé sur leurs réseaux sociaux des extraits de leurs actions. À voir ou revoir, le débat « Sommes-nous condamnés à être des variables d’ajustement » qui s’est tenu samedi soir au National. Infos : www.stillstandingforculture.be

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