Le D Festival, restreint, mais vitrine essentielle de la danse contemporaine
La 11e édition du D Festival se tient à huis clos au Marni, avec deux créations : “Racines” et “Animans”.
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Publié le 27-04-2021 à 17h14 - Mis à jour le 17-06-2021 à 14h24
Reporté l’année dernière en raison de la pandémie, le D Festival, qui fait la part belle à la création chorégraphique contemporaine en divers lieux culturels (Marni, Senghor, Tanneurs, Jacques Franck…), est de retour jusqu’au 29 avril. Covid oblige, cette 11e édition se déroule au théâtre Marni à huis clos (professionnels et presse) et avec une programmation réduite puisque deux des quatre créations initialement programmées ont dû être annulées (Formless Mirror (she who reveals) d’Agostina d’Alessandro et Elles au Singulier de Lisa da Boit, Tijjen Lawton, Thi-Maï Nguyen et Eléonore Valère-Lachky).
“Le principe du D Festival est vraiment de mettre la danse contemporaine à l’honneur, dans un ancrage bruxellois et en collaboration avec plusieurs structures partenaires, décrit Joëlle Keppenne, directrice du Marni. Cela crée une cohérence d’énergies communes. C’est vraiment important et on continuera ça au cours des saisons prochaines”. Accueillie en résidence au Marni, Anne-Cécile Chane-Tune a présenté lundi son premier projet en tant qu’interprète et chorégraphe, Racines, magnifique solo organique alliant danse et matières plastiques (graphite et argile). “Ça fait un bien fou d’avoir ces quelques personnes assises dans les sièges, confie-t-elle, d’avoir un échange sur comment elles reçoivent ce projet et comment je le transmets, et de pouvoir le (faire) vivre”.
“La décision de maintenir le D Festival cette année a été prise en bonne concertation avec les artistes, reprend Joëlle Keppenne. Cette situation particulière de jouer devant des salles à jauge plus que réduite représente pas mal de stress pour les artistes, mais il s’avère qu’ils ont eu envie de continuer et, surtout, de finaliser leur création, c’est-à-dire que l’objet artistique sera totalement fini et pourra être présenté, lors des prochaines saisons, devant des spectateurs, sans demander du travail de répétition (même si l’on sait qu’il faut toujours un peu se remettre en jambe). L’objectif est aussi qu’ils puissent être vus par des programmateurs afin d’être programmés les saisons d’après. Certes, il va y a voir un engorgement de spectacles, mais on a toujours l’espoir que ces spectacles pourront être pris, au Marni ou ailleurs”. Reporté pour la troisième fois, Racines est d’ores et déjà programmé en octobre au Marni et en décembre à la Maison des Cultures de Molenbeek, avant une tournée en 2022 à La Réunion, terre natale d’Anne-Cécile Chane-Tune. Quant au second spectacle, également accueilli en résidence pendant une semaine, et présenté jusque jeudi dans le cadre du D Festival, Animans par la Cie Caminante (María Montero, Nicola Vacca, Ana Paula Gusmao), il sera prochainement disponible sur Auvio.
L’alchimie du mouvement et du trait
Théâtre, danse, concerts, jeune public…, depuis le premier déconfinement, le Marni a ouvert ses portes aux résidences d’artistes. “On a quatre espaces ouverts à tous les arts de la scène et, dans le cadre du D Festival, on a mis notre équipe technique à leur disposition pour qu’ils puissent travailler dans les meilleures conditions possible, explique la directrice. De même, lorsqu’ils jouent au Marni, ils sont payés de la même manière que s’il y avait du public, et ce, grâce au Fonds d’urgence de la Fédération Wallonie-Bruxelles”.
“Joëlle Keppenne est une partenaire comme on en fait peu”, se réjouit Anne-Cécile Chane-Tune, car, la jeune artiste ne le cache pas, cette période “est très compliquée”. “La danse est sociale à la base. Donc ne pas pouvoir la partager me manque beaucoup.” Alchimie entre le corps et la matière, le mouvement et le trait, Racines renvoie aux fondements, aux essentiels – la terre, l’eau, la fécondité, la vie – dans une lente exploration, entre ombres et lumière, du soi profond, primitif. Un retour aux sources, à la racine, l’âme à nu, les mains dans l’humus, ô combien confrontant en ces temps si houleux.