Blockbusters, reprises et créations : à quoi va ressembler prochaine saison de la Monnaie
Des blockbusters et des reprises. Mais la création garde sa place.
- Publié le 28-04-2021 à 18h03
- Mis à jour le 29-04-2021 à 06h40
:focal(1125x805:1135x795)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/JV35BVSIUNAJTKH2VS5X2OI3AA.jpg)
"Rassembler les artistes et leurs publics." Le but de la Monnaie pour sa saison 2021-2022 peut sembler basique, voire modeste, mais on sait que, depuis un an, c’est loin d’être chose évidente. Hier, en vidéoconférence depuis le grand foyer de la salle bruxelloise et sur un ton empreint d’une certaine gravité, Peter De Caluwe a présenté une saison qu’il veut optimiste - la programmation prévue dès septembre table sur une situation sanitaire assainie et un public de retour dans les salles - mais non exempte d’une certaine prudence - chat échaudé craint l’eau froide.
Lulu, Norma et Carmen
L’automne 2021 sera à l’image de ce qu’aurait dû être l’automne 2020, avec notamment la création de The Time of Our Singing, le nouvel opéra de Kris Defoort d’après le roman éponyme de Richard Powers (Le Temps où nous chantions), ou la résurrection en concert de De Kinderen der zee, l’opéra wagnérien centenaire et oublié du compositeur flamand Ludwig Mortelmans. La suite sera plus traditionnelle, la Monnaie jouant ouvertement la carte du répertoire connu, car il est porteur, explique le patron de la Monnaie, d’une indicible puissance émotionnelle : "L’émotion est une composante essentielle de cette expérience artistique dont nous avons été privés trop longtemps." Et d’ajouter : "En même temps, ces œuvres sont des prismes qui nous permettent de voir notre propre société sous un certain éclairage. Des mois durant, toutes les thématiques politiques et sociales que l’art est censé aborder en temps normal ont été noyées sous un flot ininterrompu de priorités liées à la Covid-19."
Trois grands portraits de femmes sont ainsi au programme, trois opéras connus mais qui seront donnés dans des versions "actuelles et pertinentes" : Lulu de Berg, Barbara Hannigan reprenant le rôle-titre dans la production de Krzysztof Warlikowski. Norma de Bellini ensuite, dans une nouvelle production signée du Flamand Christophe Coppens, qui avait déjà relu à sa façon Janacek (Foxie) et Bartók (Le Château de Barbe-Bleue). Carmen de Bizet enfin, dans la production radicale et controversée proposée au festival d’Aix-en-Provence par Dimitri Tcherniakov (Stéphanie d’Oustrac et Eve-Maud Hubeaux alternant dans le rôle-titre).
Suivront ensuite une nouvelle production du Trittico de Puccini mise en scène par l’Allemand Tobias Kratzer (qui avait déjà signé Lucio Silla de Mozart à la Monnaie, ou le récent Faust de l’Opéra de Paris), la création du deuxième épisode de Is this the end ?, le "pop requiem" de Jean-Luc Fafchamps, un autre spectacle venu d’Aix-en-Provence (le Requiem de Mozart mis en scène par Romeo Castellucci), une version de concert du Parsifal de Wagner et une reprise de la mémorable production des Huguenots de Meyerbeer signée Olivier Py. À noter encore, plusieurs spectacles de danse ainsi qu’une série de concerts pour fêter les 250 ans de l’Orchestre symphonique de la Monnaie, avec bien sûr Alain Altinoglu mais aussi des revenants nommés Sylvain Cambreling, Antonio Pappano ou Kazushi Ono.