Aux Brigittines vibrent l’étrange et l’ordinaire
De Mette Ingvartsen à Christos Papadopoulos, mirages et magie du temps.
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Publié le 26-08-2021 à 08h35 - Mis à jour le 26-08-2021 à 08h37
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Entré dans sa dernière ligne droite, le Festival international des Brigittines poursuit ses juxtapositions pour des soirées vibrantes, étonnantes, en prélude à une rentrée qui - vu le contexte que l’on sait - s’annonce foisonnante.
C’est un voyage dans le temps que proposaient Patrick Bonté et son équipe avec deux pièces séminales.
Produit à P.A.R.T.S. en 2003, Manual Focus est le tout premier spectacle de Mette Ingvartsen, chorégraphe et danseuse danoise alors étudiante à Bruxelles. Déjà présentée au festival en 2007 - aux débuts de la chapelle dédoublée -, sa pièce met en scène trois corps de jeunes femmes portant, au verso, le visage de vieillards. Brouillage des apparences et des anatomies, renversement des logiques, flottement de la perception : Manual Focus a fait date dans l'univers de la danse contemporaine et, près de vingt ans après son éclosion, n'a rien perdu de sa puissante étrangeté pointillée d'humour.
L’écho des "Vagues"
Inspiré des Vagues de Virginia Woolf, Elvedon s'intitule du nom du village au cœur de ce roman expérimental (1931) où l'autrice suit six personnages, de l'enfance au grand âge, au gré de leurs monologues intérieurs.
Christos Papadopoulos signait avec cette création, en 2015, sa première pièce comme chorégraphe, se plaçant bientôt sur l’échiquier de la danse européenne.
D'autres ont suivi, comme le fascinant ION joué en décembre 2018 aux Halles de Schaerbeek. Tout est en germe dans Elvedon, travail d'obsession et de finesse, de rebond et d'oscillation, où la mécanique des ondes, des marées, sous-tend l'unisson cyclique, ses infimes et infinies variations.
Les six interprètes - quatre femmes, deux hommes - constituent à la fois un groupe avec ses individualités distinctes, et un corps, une entité, un organisme qu’anime une pulsation commune. Minimaliste, mutante, prenant de l’ampleur, la bande-son de Coti K épouse et appuie le mouvement perpétuel, roulis, ressac, calme et tempête, que suppose l’existence, et auquel les vagues répondent en métaphore lancinante.
Infini et finitude
Le temps (celui de la longévité d’un spectacle, toujours en scène, celui qu’on passe à l’absorber, celui d’une vie humaine) ajoute ses grains de sable à l’équation posée par le chorégraphe : l’infini et la finitude, la conscience de l’inéluctable passage.
Dans sa simplicité et sa rigueur, Elvedon ouvre également un champ généreux à la perception, un espace-corps-temps où poser notre esprit, nos sens. Une ligne de flottaison.
À noter que la nouvelle création de Christos Papadopoulos, Larsen C, fera l'ouverture du festival Pays de Danses les 22 et 23 janvier, au Théâtre de Liège, avant d'être présentée aux Halles, à Bruxelles, les 8 et 9 février.
Festival international des Brigittines, Bruxelles, jusqu’au 28 août - 02.213.86.10 - www.brigittines.be