Sous le vernis, des parents pas si “beaux” que ça
Éric De Staercke met en scène "Les beaux", texte percutant et acide de Léonore Confino.
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- Publié le 29-09-2021 à 17h38
- Mis à jour le 30-09-2021 à 10h06
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Ça suinte le vécu. Souffrance, incompréhension, rancœur, désillusion, mal-être, haine mais aussi amour et espoir : dans Les beaux, l'autrice franco-suisse Léonore Confino étrille le mythe du couple – et de la famille – parfait(e), de sa plume trempée dans l'humour grinçant et l'absurde.
L’imagination d’une fillette
Ah, ces deux-là ! Qu'ils font envier avec leurs cheveux impeccables, leurs habits aux tons acidulés et leur sourire béat. Ils sont beaux. Ils sont heureux. Ils s'aiment. "Quand la vie est parfaite, il n'y a plus de questions à se poser", s'enorgueillissent-ils. Mais voilà, cette vie sans heurts n'est que le fruit de l'imagination d'une fillette de 7 ans, Alice. Seule dans sa chambre, elle projette sur ses poupées, Ken et Barbie, des bribes de conversations qu'elle surprend entre ses parents, mais en les édulcorant.
Parce qu’en fait, ces deux-là ne sont en rien Ken et Barbie : sous le vernis, ils ne sont pas si beaux que ça. Disputes, phrases assassines, gifles, insultes,… leur couple se noie à coups de “Je t’aime, moi non plus”. Mais Alice, qui s’est murée dans le silence depuis de longs mois, a décidé de créer un électrochoc pour les sortir de leur léthargie destructrice, car de la passion entre eux, il en reste encore.
Acide, cruel, percutant et dérangeant aussi, car tellement révélateur de la déliquescence d’un couple, le texte de Léonore Confino est ingénieusement porté à la scène par Éric De Staercke et judicieusement interprété par Fabio Zenoni et Ariane Rousseau. Entre tensions et complicité, rage et tendresse, noirceur et bonheur, passé et présent, mensonges et vérités qui émaillent cette tranche de vie conjugale, Éric De Staercke fait souffler sur le récit un brin de légèreté voire un grain de folie, respiration chantée et/ou dansée, qui se fonde à merveille dans l’univers parfois à la lisière de l’absurde de l’autrice.
Un subtil équilibre
De leur gestuelle mécanique de Barbie et Ken au naturel déconcertant d'un couple déchiré, Ariane Rousseau et Fabio Zenoni ont trouvé le subtil équilibre qui permet aux spectateurs de se prendre au jeu de la fillette tout en s'immergeant dans le quotidien d'un père et d'une mère au bord de la rupture. Deux facettes d'une même réalité, matérialisée par la scénographie de Sandrine Clark qui, avec sa touche décalée très Seventies et son canapé gigogne, crée l'écrin idoine pour cette pièce.
--> Bruxelles, Le Public, jusqu’au 30 octobre. Infos et rés. au 0800.944.44 ou sur www.theatrelepublic.be