Dis-moi quel est ton objet et je te dirai qui tu es
"Ce qui restera" confronte notre besoin de matérialité au sens que nous donnons à la vie. Par la Cie What’s Up.
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Publié le 14-10-2021 à 06h47 - Mis à jour le 21-10-2021 à 15h40
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C’est une question banale, presque un jeu, et pourtant elle donne chaque fois à réfléchir : si tu devais partir vivre sur une île, qu’emporterais-tu en sachant que tu n’as droit qu’à trois objets ? Sonia (Isabelle Wéry), Axel (Gwen Berrou) et son bébé Eden, Kim (Carole Lambert), Yuri (Martin Rouet) et Eddy (Fabrice Rodriguez) sont les six derniers habitants d’une île. Le soir du réveillon du Nouvel An, une tempête menace leurs habitations. Ils se réfugient alors chez "Alma", une grande bâtisse sécurisée entièrement régie par une intelligence artificielle.
Alors qu’Alma les avertit d’un danger imminent de niveau 3 - risque de vents violents, inondations et tornade -, chacun se précipite chez lui pour récupérer quelques affaires - objets, souvenirs, biens de première nécessité… Protégés entre les murs d’Alma, les six insulaires doivent apprendre à vivre ensemble, à s’accepter, à s’entraider, à partager, chacun avec sa personnalité, son vécu, ses forces, craintes et faiblesses. Mais, à mesure que montent les flots, que leur vie est mise en péril, qu’accepteront-ils d’abandonner, d’eux-mêmes et de leurs précieux objets, pour sauver leur peau ? Et que restera-t-il d’eux après le déluge ?
Incisif, piquant et décalé
Après une installation performative, Tout ce que je possède, et une exposition, "Êtres et avoirs ", le spectacle Ce qui restera constitue le dernier volet d'une trilogie sur le rapport de l'être humain aux objets, intitulée L'Objet de mon attention, à laquelle se consacre la compagnie What's Up depuis 2019.
Écrit par Cécile Hupin, ce huis clos fait indéniablement écho à l’actualité (les inondations de l’été, notre société matérialiste et consumériste, la pollution…), mais en la suggérant davantage qu’en l’exposant frontalement. Par ses dialogues incisifs, piquants, décalés et emprunts d’humour et de tendresse, Cécile Hupin crée une alchimie entre chacun des personnages, pris en étau entre leur individualisme et la nécessaire solidarité qu’impose le risque de tout perdre.
Dense et rythmée, la mise en scène imaginée par Héloïse Meire se veut tantôt éclatée - chaque personnage a son espace érigé autour de ses objets -, tantôt recentrée autour d’un point d’attention du plateau. Aux va-et-vient des personnages s’intègrent des respirations musicales (signées Guillaume Istace) et des "arrêts sur image" salutaires, car la scénographie de Catherine Cosme peut paraître, par moments, au regard du propos, trop touffue. Quant à Alma, plus qu’un décor (qui vaut à lui seul le détour !), elle s’impose comme un personnage à part entière, avec ses alertes (on doit la création lumières à Jérôme Dejean) et sa fenêtre avec vue sur un ciel et une mer qui se déchaînent peu à peu, et dont l’illusion est saisissante grâce aux vidéos d’Hubert Amiel.
--> Louvain-la-Neuve, Jean Vilar@Centre culturel d’Ottignies-LLN, jusqu’au 16 octobre. Infos et rés. au 0800.25.325 ou sur www.atjv.be. Puis du 21 au 30 octobre au Varia
--> Bruxelles, Wolubilis, le 23 novembre. Infos et rés. au 02.761.60.30 ou sur www.wolubilis.be