"Contes et Légendes" de Joël Pommerat: "C’était parfois dur de travailler la violence en nous"
La nouvelle création de Joël Pommerat, Contes et légendes s’inspire d’une scène du recueil Récits d’enfance et contes de Platonov (L’Harmattan, 2014). La comédienne Prescillia Amany nous raconte son expérience.
- Publié le 27-10-2021 à 19h55
- Mis à jour le 28-10-2021 à 11h30
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Un enfant enfile la robe de sa mère décédée, après un séjour en institut psychiatrique, pour s’occuper des ses petits frères et sœurs et combler les failles du père complètement dépassé par la situation. Dans ce spectacle, le metteur en scène multiplie les cas de figure que rencontrent les jeunes adolescents, qu’il s’agisse du harcèlement, de trahison, de maltraitance, d’abandon ou de provocation. Autant de moments de crise, construits comme des nouvelles. Etant donné qu’il se définit aussi comme un écrivain de plateau, la démarche artistique est différente.
"Nous avons d'abord participé à un stage sélectif. Puis, nous avons travaillé pendant dix sept mois, à partir d'improvisations", explique Prescillia Amany, en février 2020,à l'issue d'une des représentations, avant confinement, aux Amandiers, le centre dramatique national de Nanterre, producteur du spectacle avec le Théâtre National, deux lieux qui soutiennent activement le travail de Pommerat depuis de longues années.
"C'est nous qui proposions nos personnages et lui nous donnait des situations à interpréter. Il nous filmait et nous montrait ensuite ce qu'il y a avait à retravailler. C'était parfois dur de travailler la violence. Pour cela, nous avons dû aller rechercher notre côté le plus noir et Joël Pommerat nous place toujours là où cela résonne en nous".
Et lorsqu'on lui demande comment elle a trouvé les mots, les attitudes, les positions à adopter pour interpréter, par exemple, un des membres de cette bande violente, elle raconte s'être beaucoup documentée grâce aux aux films, vidéos, articles, documentaires livrés par la dramaturge. "Tout faisait farine au moulin, du reportage de l'émission Envoyé spécial à la vidéo de Youtube. Le costume, la perruque permettent aussi de changer plus facilement de rôle et Joël nous guidait sur l'attitude et la posture à prendre. Le micro, qui modifie notre voix, nous aide également. Les robots ne figuraient pas dans le projet initial. Il sont arrivés petit à petit lorsqu'on s'interrogeait sur la construction de l'être. On s'est demandé si on allait créer des robots à notre image et s'ils seraient aussi à l'aise que des humains."
Parmi les douze comédiens, on compte deux Belges, Lucie Guien, formée à l'Insas et Marion Levesque, issue du Conservatoire de Mons. "C'est ma première expérience avec Pommerat", nous dit-elle. "C'est fatiguant, cela demande beaucoup d'énergie, c'est un vrai rythme mais c'est super de le rencontrer, de découvrir son travail."