"Les Autres", quand la danse ouvre des brèches

Bientôt c'est la danse qui prévaut, explosive et rigoureuse. Le quatuor formé par Evelyne de Weerdt, Dunya Narli, Nino Patuano et Lewis Cookesemble capable d'embrasser tous les registres.

Le chorégraphe Anton Lachky peut compter sur des interprètes au vocabulaire bigrement bigarré, aux personnalités complémentaires, dans d’étourdissants solos, des duos graphiques, des ensembles puissants.

Univers clos, échappée ludique

C’est que ces humains-là, nous apprend la voix, sont les seuls êtres vivants de ce pays minuscule, plat, lisse, immuable et vide, ceint de parois infranchissables, et régi strictement. La danse qui les unit est leur seule échappée, l’unique et ludique moyen de traverser cette monotonie en inventant chaque jour de nouveaux mouvements.

Le plateau nu et blanc – l’univers aseptisé de l'histoire – laisse se déployer ces langages : méandres musicaux, géométrie dynamique, sens de la structure spatiale, variations rythmiques. Un enchantement qui se suffit à lui-même, offrant au public – enfants comme adultes – la liberté de composer sa propre narration. Jusqu’à ce que le récit prenne le dessus, explicite, riche en images et suggestions mais aussi canalisant l’imaginaire.

L’altérité, dedans, dehors

La composition chorégraphique n’y perd rien pour autant, et la prose parfois rimée d’Éléonore Valère-Lachky (texte et voix) se sert élégamment de cette toile vierge pour esquisser le vaste monde du vivant, des animaux, des végétaux, de l’air et du vent, ses promesses au-delà des murs.

Il y a de la polyphonie dans Les Autres. Pour dire l'altérité tant dans ce même – l'uniformité clinique du dedans – que dans l'inconnu, l'étrangeté du dehors. Dans le souvenir d'un oiseau qui, un jour, traversa le ciel. Dans l'ici et maintenant des jeux de bras, de jambes, d'esquives, d'alliances. Dans la création comme source de joie. Dans la peur et l'envie d'"encore une fois retourner au bord du monde".

Évidemment, éminemment écologique, la fable contourne les sentiers de la morale pour ouvrir une brèche à la rébellion par l'émerveillement. "Peut-être qu'on est libres plus qu'on ne le pense."

Joignant l'acte citoyen au geste artistique, la compagnie a établi sa propre charte d'engagements concrets, et inscrit Les Autres sous son label Let's love planet Earth.

• Les 30 novembre et 1er décembre au Centre culturel de Braine-l'Alleud (02.854.07.30) ; les 5 et 6 décembre au Centre culturel d'Ottignies (010.43.57.10), puis à Soignies, Mons, Liège, Sambreville, Tournai, Berchem, Bruxelles, Rixensart.
• Infos et calendrier complet : www.antonlachkycompany.com