"Closing Party", révérence truffée de références

Mauro Paccagnella et Alessandro Bernardeschi, indéfectibles complices, bouclent leur "Trilogie de la mémoire". De retour pour quelques jours au National, du 27 septembre au 1er octobre.

La pièce de Wooshing Machine rencontrera enfin son public, du 2 au 4 décembre aux Brigittines.
La pièce de Wooshing Machine rencontrera enfin son public, du 2 au 4 décembre aux Brigittines. ©Stéphane Broc

Rarement le titre d'une pièce aura été porté avec tant d'à-propos que celui-ci. La première de Closing Party devait avoir lieu le 19 mars 2020, dans le festival In Movement des Brigittines. Or on sait ce qu'il advint ces jours-là. La première vague pandémique entraînait la fermeture de tous les lieux de culture, pour une durée alors inconnue.

Deux, trois annulations et reports plus tard, Mauro Paccagnella et Alessandro Bernardeschi peuvent enfin dévoiler au public le troisième volet de leur "Trilogie de la mémoire", brillamment ouverte par l'inoubliable Happy Hour, (2015) et joliment poursuivie avec El Pueblo unido jamás será vencido (2018, en trio avec Lisa Gunstone).

Comment te dire adieu ?

Tissée de leur longue amitié confraternelle, d’une complicité humaine et artistique, de leurs parcours sinueux ponctués de fertiles intersections, celle qu’on appelle aussi "Trilogie des quinquagénaires" est truffée de références et clins d’œil, y compris à l’histoire, celle qui infuse en nous, nous habite, nous révolte, nous englobe.

Pensé comme une conclusion à ce cycle, Closing Party (arrivederci e grazie) dit aussi l'impossibilité de l'adieu pour celles et ceux que contamine obstinément le virus de la scène –public compris.

Comme souvent dans l'univers de la Cie Wooshing Machine, il y a des perruques et des micros dans Closing Party, des rengaines populaires – de Simon & Garfunkel au Boléro, de L'Internationale à Marianne Faithfull, de Nina Simone à Peer Gynt –, des tutus, des running gags et un goût du jeu qui n'essaie jamais de masquer la fêlure des êtres, une nostalgie joyeuse, un questionnement de la danse elle-même, maladresses et maestria incluses, des figures familières ou improbables.

De l’onirique au politique

Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella forgent en tandem une manière bien à eux d’imbriquer leurs propres souvenirs dans l’imaginaire collectif, d’oser entrechoquer les images et les sons, les époques, les archives et la fiction, de convoquer toujours, même fugacement, leur Italie natale, ses épisodes sombres et sa beauté fatale.

Leurs œillades mi-amusées mi-désespérées sur leur propre statut – réel ou onirique, mêlé de politique – incluent dans la pièce la place des artistes au sein de la société, leur notoriété, leur fragilité. Formidables danseurs, cultivant la rigueur avec une généreuse nonchalance - la maîtrise de l’expérience affranchie de l’injonction à la performance -, ils sont aussi clowns et conteurs, narrateurs désabusés, déchirants, vieillissants – car c’est aussi leur sujet – et divinement drôles, d’un monde qui n’en finit pas d’engloutir nos idéaux.

  • Bruxelles, Brigittines, du 2 au 4 décembre. (Également en soirée composée avec "Loop Affect" de Louise Baduel, du 30 novembre au 4 décembre) 02.213.86.10 – www.brigittines.be
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